Il parait que dans la vie, Valérie Donzelli est une vraie bourrasque, une femme moderne qui essaie de concilier les registres professionnel et privé avec une désorganisation parfaite. Notre dame, son cinquième film, est à son image, rapide et surprenant, avec une grande fantaisie qui tente de dissimuler une profonde mélancolie. Le titre du film a à voir avec la cathédrale, pas avec l'incendie qui a eu lieu juste après la fin du tournage, mais "dame", écrit sans majuscule, renvoie aussi à un portrait de femme, incarnée par Valérie Donzelli, avec une énergie et une conviction qui rappelle le genre de rôles dans lesquels excelle une Karine Viard, par exemple. Le film est coscénarisé par Benjamin Charbit, l'un des auteurs d'En liberté! de Salvadori et l'on retrouve cette même vivacité au service d'une histoire qui tient beaucoup du réalisme magique avec quelques scènes proches du fantastique et au moins une autre qui relève du genre musical. Si on y ajoute une voix off qui sort de nulle part et son côté collage, Notre dame ne ressemble à rien d'autre qu'à un film de Valérie Donzelli avec beaucoup d'audace dans sa besace et quelques maladresses narratives pour un peu doucher l'enthousiasme. Le casting est affriolant (Deladonchamps, Scimeca, Lanners, Ledoyen, Katerine) mais la part accordée à chacun est trop chiche pour qu'on ne ressente pas une certaine frustration. Un film imparfait, donc, mais agréable à l'oeil et qui en dit beaucoup sur notre époque, notre rapport à l'art, au couple et à la réussite sociale.