Allez, je l'incendie sans hésitation

La gueule de bois d'un 1er janvier s'accommode généralement assez mal d'une séance de cinéma sous-tendue par une certaine ambition intellectuelle. C'est la raison pour laquelle je choisis généralement ce jour-là des films simples à comprendre et à suivre. Avec parfois de bonnes surprises (Joue la comme Beckham), des erreurs de casting (The big short) et des daubes avérées (Riot club). Eh bien, je classe ce Notre dame, sans hésitation aucune, dans cette dernière catégorie. En précisant tout de même que l'objectif, qui était de ne pas trop solliciter mon cerveau embrumé, a été sans l'ombre d'un doute atteint. Ah ça, pour ne pas être compliqué, ce n'est pas compliqué...


Le dessein de la réalisatrice Valérie Donzelli était sans doute de sortir un film léger et poétique sur le Paris éternel, en y intégrant tout de même des éléments d'actualité (les chantiers de la mairie, le réchauffement climatique par exemple). Il en ressort hélas plutôt la sensation d'avoir affaire à un Paris de carton-pâte, bien éloigné de la réalité. Tout ça nous fait une sorte de conte de fées pour bobos, qui empile les clichés et frise parfois le ridicule. Parfois seulement, c'est vrai, mais d'autre part, le film ne décolle jamais véritablement, alternant séquences burlesques, vaudeville et ces fameux moments poétiques, donc, sur un rythme monocorde. Et s'il m'a de temps à autres arraché un sourire, je n'ai jamais véritablement ri aux éclats, tant certains des gags sont lourds : je pense ici bien sûr au projet de station de métro en forme de pénis en érection. Du level, vous dis-je, du level...


Je trouve également beaucoup à redire sur les acteurs. Je ne m'étendrai pas sur la complaisance avec laquelle Donzelli, réalisatrice mais aussi actrice principale, se met en scène et filme sa propre plastique. Et si l'on ajoute que l'acteur bellâtre qui lui donne la réplique dans le rôle de Bacchus Renard, un journaliste d'une sorte de BFM TV idéalisée, est affligeant, ça commence à faire beaucoup. Celui qui joue le rôle de Martial s'en tire un peu mieux, mais en jouant principalement sur sa gueule qui sort de l'ordinaire. Virginie Ledoyen et Bouli Lammers parviennent par moment à éviter un naufrage complet. Seul Philippe Katerine, en définitive, surnage.


Et, ironie suprême, ce film a été tourné avant l'incendie de la cathédrale éponyme. Aura-t-il, grâce à cet incendie, bénéficié d'un surcroît d'attractivité ? Qui sait ? Toujours est-il que s'il y est question de rénovation du parvis de la dite cathédrale, ce n'est plus véritablement d'actualité désormais. Bon, mais ça cette pauvre Valérie Donzelli n'y est pour rien. Pour autant, le fait qu'elle ait choisi de centrer son film sur ce monument, dont on a pu voir depuis ce qu'il représentait pour le pouvoir (symboliquement comme en revenus provenant du tourisme), ne plaide guère en sa faveur à mes yeux. Oui, je sais, cette argumentation est tirée par les cheveux et complétement subjective. Eh bien, j'assume : une critique, c'est fait pour donner son avis et ce n'est pas à mon âge qu'on se refait...

Marcus31
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Vu au cinéma en 2020

Créée

le 2 janv. 2020

Critique lue 1.4K fois

9 j'aime

3 commentaires

Marcus31

Écrit par

Critique lue 1.4K fois

9
3

D'autres avis sur Notre dame

Notre dame
EricDebarnot
7

La Maîtresse de la Haute Cathédrale

"Notre Dame" se passe clairement dans un monde parallèle au nôtre : le climat est complètement déréglé, puisqu'il fait chaud à Noël, mais de soudaines bourrasques de neige sont à redouter, les pics...

le 20 déc. 2019

20 j'aime

3

Notre dame
Cinephile-doux
6

Désorganisation parfaite

Il parait que dans la vie, Valérie Donzelli est une vraie bourrasque, une femme moderne qui essaie de concilier les registres professionnel et privé avec une désorganisation parfaite. Notre dame, son...

le 8 nov. 2019

14 j'aime

1

Notre dame
Marcus31
4

Allez, je l'incendie sans hésitation

La gueule de bois d'un 1er janvier s'accommode généralement assez mal d'une séance de cinéma sous-tendue par une certaine ambition intellectuelle. C'est la raison pour laquelle je choisis...

le 2 janv. 2020

9 j'aime

3

Du même critique

Papy fait de la résistance
Marcus31
10

Ach, ce robinet me résiste...che vais le mater

Ce qui frappe avant tout dans ce film, c'est l'extrême jubilation avec laquelle les acteurs semblent jouer leur rôle. Du coup, ils sont (presque) tous très bons et ils donnent véritablement...

le 2 sept. 2015

42 j'aime

5

Histoire de ta bêtise
Marcus31
10

A working class hero is something to be

Un pamphlet au vitriol contre une certaine bourgeoisie moderne, ouverte, progressiste, cultivée. Ou du moins qui se voit et s'affiche comme telle. On peut être d'accord ou non avec Bégaudeau, mais...

le 15 avr. 2019

32 j'aime

7

Madres paralelas
Marcus31
5

Qu'elle est loin, la Movida

Pedro Almodovar a 72 ans et il me semble qu'il soit désormais devenu une sorte de notable. Non pas qu'il ne l'ait pas mérité, ça reste un réalisateur immense, de par ses films des années 80 et du...

le 14 déc. 2021

25 j'aime