Ethnie majoritaire

Notre Dame du Nil raconte le quotidien de jeunes filles pensionnaires d'une école réputée destinée à faire d'elles l'élite du pays. En 1973, les premiers troubles annoncent la répression des Tustsi, ethnie minoritaire, par les Hutu, ethnie majoritaire du pays.

Notre Dame du Nil est un drame historique de Atiq Rahimi tiré du roman de Scholastique Mukasonga.
Partant du quotidien d'un pensionnat de jeunes filles issues de l'élite du pays tenu par des enseignants français et des religieuses belges, Notre Dame du Nil montre comment le pays va glisser lentement vers l'ostracisme génocidaire mis en oeuvre par les Hutu contre les Tutsi.

Attention, cette critique risque de vous spoiler.

Contexte historique

L'Afrique a longtemps fait primer le concept d'ethnie sur celui d'Etat. Lors de la décolonisation, les frontières des Etats ont été "plaquées" sur des territoires du continent africain, regroupant parfois des Ethnies qui ne s'entendaient pas. Cela a engendré des troubles comme ceux du Rwanda où, au milieu des années 90, la population Hutu majoritaire a décidé d'éradiquer les Tutsi minoritaires. Au final, le génocide a fait près de 1 million de morts en quelques mois. Mais cela n'est pas arrivé du jour au lendemain...
Le propos du film est de montrer les racines du mal.

Ici, c'est une jeune Hutu, Gloriosa, fille d'un chef d'Etat major, qui met le feu aux poudres. Manipulatrice et profondément anti Tutsi, elle va préparer l'entreprise de déstabilisation de son établissement. Alors qu'elle a voulu nuitamment "épater" le nez de la statut de Notre Dame du Nil qu'elle trouve trop fin (L'entreprise est un cuisant échec), elle réussit à retourner la situation à son avantage en inventant une "histoire cousue de fil blanc"....

Pascal Greggory tient un rôle lumineux dans le film: celui d'un expatrié français rêveur, amoureux des pharaons noirs, dont descendent les Tutsi. Il sympathisera avec 2 jeunes filles tutsi et leur expliquera l'histoire de leur peuple.

Le Rwanda est un Etat souverain
Une religieuse belge inquiète de la tournure des événements va tenter de s'opposer à la mécanique meurtrière qui se met en marche. Ce à quoi lui répondra sans détour le prêtre Hutu du pensionnat: "Le Rwanda est un Etat indépendant", ce qui équivaut à dire "Mêlez vous de vos affaires et laissez nous massacrer qui nous voulons..."

Notre Dame du Nil revient avec justesse sur une page d'histoire douloureuse de ce jeune Etat Africain, l'occasion de rappeler que la barbarie ne connait pas de frontières.

Scholastique Mukasonga (Deux extraits du roman)

1)L'empire des pharaons noirs, c'était bien de là qu'étaient venus les Tutsi.
Chassés par le christianisme, par l'islam, par les barbares du désert, ils avaient entrepris la longue marche jusqu'aux sources du Nil, parce que, croyaient-ils, c'était la terre des Dieux.
Ils avaient gardé leurs vaches, leurs taureaux sacrés, ils avaient gardé leur noble prestance, leurs filles avaient conservé leur beauté, mais ils avaient perdu la Mémoire.

2)Moi, j'ai une autre histoire à proposer: c'est que les gorilles ont refusé d'être des hommes, ils étaient presque des hommes, mais ils ont préféré rester des singes dans leur forêt, tout en haut des volcans. Quand ils ont vu que d'autres singes comme eux étaient devenus humains, mais qu'ils étaient aussi devenus méchants, cruels, qu'ils passaient leur temps à s'entre-tuer, ils ont refusé de se faire hommes. C'est peut-être ça le péché originel dont parle tout le temps le père Herménégilde: quand les singes sont devenus des hommes!

Notre Dame du Nil illustrations

Ma note: 6/10