Sans langue, ni pays, ni critiques intelligentes

Comment expliquer "Notre jour viendra"?

En gros c'est l'histoire de deux roux (Cassel et Olivier Barthélémy) qui se rencontrent pas hasard et qui partent dans une spirale de haine absurde et nihiliste pseudo-post-punk sur fond de vrai-faux Road Movie totalement vide de sens et de revendications.

Si on lit les critiques on se rend compte qu'il a souvent été pris simplement comme un voyage initiatique contestataire de deux hommes à la relation complexe dans le but de la part du réalisateur de jouer au rebelle 68ard comme papa et ses copains (l'évocation des Valseuses dans les commentaires du films et omniprésente et inévitable). On lui reproche alors ce qui fait justement la complexité du film: une opacité du regard du réalisateur sur le comportement quand même plutôt assez limite de ses personnages, une incapacité chronique de ces mêmes personnages à inspirer la moindre sympathie et une grande difficulté pour le spectateur d'identifié la nature du récit tant celui-ci est décousu et mélange un peu tout et n'importe quoi (et n'importe comment).

Mais si on regarde de plus prêt, on assiste au suicide social de deux personnages en manque de repère, de norme, de reconnaissance social,... Cassel campe un psy nihiliste quarantenaire et manipulateur en pleine dépression suite à une crise de la quarantaine dévastatrice qui cherche à vivre par substitution dans la haine qu'il inculque au personnage de Barthélémy, post-ado paumé et émasculé par un environnement familial exclusivement féminin et oppressant qui se laisse attirer par la folie séduisante et émancipatrice de Cassel.

Si vous cherchez le message politique profond de ce constat dramatiquo-pathétique ou même juste le regard du réalisateur sur les mœurs déviants de ses personnages, alors je vous renvoie à Quentin Dupieux et à son manifeste de l'absurdité intelligente dans le cinéma français indépendant contemporain, j'ai nommé le magnifique Rubber: "No Reason"

"Notre jour viendra" est à prendre comme un gros doigt dans la face de toute l'intelligentsia bien pensante qui s'attendait à un film moralisateur de type "le racisme, c'est caca", une absurdité gratuite, le tout porté par une réalisation léchée, une bande son excellente et un duo d'acteur plus que convainquant.
Mazertyui
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le 26 juin 2011

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Mazertyui

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