Pour ceux qui aiment lire en musique, Diner de Martin Sexton.


Je dois le visionnage de cette purge à une critique sympathique qui a su me convaincre d'aller fourrer mon nez là où je ne voulais surtout pas aller. Rien de pire que de voir d'où vient ton repas
Bingo, j'avais raison, j'aurais pas dû. Mais la boite de Pandore est ouverte, et pas de retour en arrière possible. Adieu, veaux, vaches, cochons... où tout du moins, et comme dirait VGE au revoir.
Pour parler un peu du documentaire, c'est troublant.
Très troublant.
Encore une fois, si tu m'as lu avant, tu sais qu'il m'en faut peu pour pleurer et bien peu pour me dégouter. Donc là, ben...ça a marché.


Pendant 1h30, le spectateur est véritablement livré à lui même, sans parole, sans musique. Nikolaus Geyrhalter promène sa caméra dans diverses usines agro-alimentaires et balaye le quotidien des employés, des animaux et les machines.


Ce qui pour moi est au centre de ce documentaire, c'est avant tout les machines. Travail à la chaîne dans l'abattoir à cochon, tapis roulant pour les poussins, asperseur de pesticides dans les serres (je ne connais pas le nom exact de ce truc). Les employés eux-mêmes découpent la bidoche avec une froideur déconcertante, sans émotions ni expressions. De l'élevage à l'abattage, du semis à la récolte, on se trouve en face d'un monde agricole qui manque beaucoup d'organique.
On était au courant bien sur, mais une piqure de rappel de temps en temps fait pas de mal.
N'étant pas moi même très versé dans le domaine agricole, je me garderai bien d’émettre un quelconque avis sur ce point ou sur le travail que font ces personnes, mais je pense que le documentaire cherche à mettre en avant cette mécanisation intensive.


Et sinon, bien sur, y a de quoi vous dégouter de manger de la bidoche. Entre l’abattoir résonnant des cris presque humain des pauvres cochons qu'on étripe, le traitement et les conditions de vies des poulets stockés par milliers, l'exécution du bœuf qui n'a que trop l'air de comprendre ce qui lui arrive, bref, il faut avoir l'estomac accroché. Moi qui allie petite nature et amour des bêtes, j'ai été servi. Je me suis épargné quelques scènes histoire de pouvoir continuer à manger.


Le montage est savamment orchestré, des transitions entre paysages champêtre plutôt beaux (avec une vrai recherche esthétique), environnement sanglant et des plans d'une rare justesse qui met le spectateur en face à face avec un employé, sans parole, sans interview.


Bref, "Notre pain quotidien" pointe silencieusement les dérives de l'industrie agro-alimentaire, laissant le spectateur seul juge de ce avec quoi il s'empoisonne tous les jours. Le choix du montage guide la réflexion, mais en laissant toujours le spectateur face à la réalité. Tantôt cru, tantôt beau, Notre Pain quotidien ne fait pas l'erreur de jouer sur la carte pathos envers les animaux, de dégouter en montrant des litres de sang et des massacres en série, non. Il montre une réalité, il montre l'ensemble de cette réalité, sans insister trop lourdement.


Pour finir, petit aparté. On a pas forcément le choix et souvent, un steak c'est pas cher et rapide. Mais je pense qu'après avoir regardé ça, on ne peut que vouloir changer la façon dont on consomme. On est souvent au courant des conditions de production de notre pain quotidien, mais entre savoir et le voir je pense qu'il y a un grand pas.J'ai vraiment été mis face à mes contradictions en face de ce film. J'ai tendance à pratiquer la politique de l'Autruche, "je sais pas, ça me concerne pas, je veux pas savoir". J'aurais peut-être du continuer comme ça, mais bon, j'ai accepté de regarder et je pense pas pouvoir revenir en arrière.
La, je réduis la viande, et je touche (presque) plus au cochon. Comme quoi, ça peut marcher. Mais je me rabat sur le poisson (j'ai zappé le passage où il montre l'élevage des poissons, ça aurait pu me dégouter...)

Petitbarbu
8
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Des documentaires pertinents.... selon moi, Films : Mes + et - et Ce que j'ai vu de beau en 2015

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le 29 mars 2015

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Petitbarbu

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