Kore Eda, qui sort un film tous les deux ans, soit un rythme semi Allenien, revient sur nos toiles cette semaine avec l’adaptation d’un manga publié en 2006. L’argument paraît être du sur mesure pour le cinéaste Nippon. C’est encore et toujours à son sujet de toujours, les turpitudes de la filiation japonaise qu’il retourne. Comment elle s’adapte à une situation anormale, qu’est-ce qu’elle a dans le ventre quand elle est mise à l’épreuve ? Il multiplie les combinaisons familiales comme Hong Sang-Soo multiplie les combinaisons amoureuses. Dans tel père tel fils, deux familles ayant échangé leurs enfants à la maternité se rencontraient. Dans I wish, deux frères séparés par le divorce de leurs parents essayaient de se revoir.
Ici, pour Notre petite soeur, trois soeurs rencontrent leur demi-soeur à l’enterrement de leur père, qui s’est fait la malle avec sa maîtresse, il y a une quinzaine d’années. Le film bascule sur une proposition incongrue, sur le quai pour le train du retour, l’aîné propose à sa nouvelle soeur de venir habiter chez elles. Et oui, elles avec un s puisqu’elles partagent une maison avec ses deux petites soeurs. Le film raconte cette cohabitation.
"Un film où ça se passe bien."
Pour un mauvais scénariste, cette situation initiale est une base de travail inespérée. Il y a plein de sources de conflits pour faire avancer le récit : Problèmes familiaux, cohabitation, écart d’âge, intégration dans une nouvelle ville… Mais ce que nous donne à voir Kore-Eda, c’est une histoire qui se passe bien. Comme le jour où on a bouturé un mandarinier sur un oranger et que ça a donné des clémentines.
Tellement ça se passe bien, qu’à chaque ambrions de conflit on se met à avoir peur pour elles. Un verre de trop, un téléphone qui sonne, une trace de ce père disparu, tant d’ombres qui planent sur leur bonheur, sous les arbres en fleurs. Le réalisateur joue...
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