Au-delà du conte, au-delà de la fable, les chiens ont toujours eu une place aux côtés des hommes. C’est juste de ce côté-là que les réalisateurs Oh Sung-yoon et Lee Choon-Baek ont décidé de traité, en proposant un extraordinaire voyage à hauteur de leurs héros. Ce que l’on suppose être un ami de l’homme n’est qu’un masque ou un passe-droit à la survie et non à l’indépendance. Il est intéressant de réintroduire ce constat à l’heure actuelle, car tout animal qui n’a pas de propriétaire est considéré comme un nuisible, une proie pour la chasse et comme autre prestige de braconnage. Il s’agit d’une vérité qui frappe plus encore une Corée, dont on insiste sur les tensions de cohabitation, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de son foyer. La division des classes, tout comme la division inter espèces nous ramène à des instincts primaires, qu’on l’on exploite parfois avec trop de simplicité pour s’en convaincre.
Le récit s’applique malgré tout à séduire le jeune public, laissant ainsi quelques miettes aux plus avertis. Moong-chi, est notre guide à travers la crasse délivrée par l’homme, dont les dénonciations écologiques témoignent. Mais le film ne peut s’arrêter là et appelle tout de même à l’émotion, souvent forcée, mais nécessaire pour s’investir dans une lutte qui sorte ces animaux de l’oubli. L’intrigue réussit, malgré une esthétique atypique, à nous mobiliser derrière un groupe de chiens qui cherchent à renouveler leur vie. Mais l’intérêt ne durera pas jusqu’au bout du voyage, dont les nuances sont maladroitement exploitées. Et quand il n’y en a pas, c’est là que le film sombre dans une linéarité sans nom, notamment en introduisant un méchant chasseur, qui ne se définit que par sa cruauté, gratuite et sans réel appétit pour ce qu’il entreprend. Avec autant de dureté et de suggestions dans les propres, il est navrant de constater que le film n’ose pas, il se contente uniquement de minimiser l’impact moral vis-à-vis de son public cible.
C’est en creusant, qu’on peut y découvrir un fond qui parle de lui-même. Ces chiens sont le reflet des hommes, à croire que leur influence ne cesse de réécrire l’existence même de toutes les espèces qu’il côtoie. Mais là encore, nous sommes face à suffisamment de stéréotypes pour éviter toute confusion et la paresse d’écriture n’aide en rien. Seules les thématiques et leur enchaînement finissent par proposer quelque chose qu’il faudra vraiment vouloir chercher, et même dans ce cas, on piétine tout petit peu. Si l’empathie est le principal outil du visionnage, le deuil est survolé de manière grossière. Cela n’offre donc pas une issue favorable à la continuité des choses, tout comme ce retour à la Nature que l’on traite sans doute avec précipitation et donc avec pertinence. Il est évident que les cinéastes souhaitent avant tout s’engager contre la maltraitance des animaux, mais le défi reste de la rendre plus que pédagogique.
Si le décor peint en 2D inspire énormément, la partie 3D et animation des personnages ne tient qu’en une question de goût. Le dessin finit pourtant par sculpter des animaux visuellement plus proches des modèles occidentaux que ceux des autochtones. Et à l’image du film, « Nous, les Chiens » (The Underdog) évoque également plusieurs oppositions, comme cette cohabitation entre ces créatures redevenues sauvages et cet entre-deux nations, constituant finalement un havre de paix pour animaux. C’est à la fois touchant et en manque de consistance, mais les épreuves seront bien présentes pour attester des convictions d’un film qui guette l’ambition, sans forcément l’atteindre. En résumé, c’est comme un chien qui ronge son os, il manque de la substance et de matières grasses pour relever la saveur du plat.