Le site est de retour en ligne. Cependant, nous effectuons encore des tests et il est possible que le site soit instable durant les prochaines heures. 🙏

Au-delà du conte, au-delà de la fable, les chiens ont toujours eu une place aux côtés des hommes. C’est juste de ce côté-là que les réalisateurs Oh Sung-yoon et Lee Choon-Baek ont décidé de traité, en proposant un extraordinaire voyage à hauteur de leurs héros. Ce que l’on suppose être un ami de l’homme n’est qu’un masque ou un passe-droit à la survie et non à l’indépendance. Il est intéressant de réintroduire ce constat à l’heure actuelle, car tout animal qui n’a pas de propriétaire est considéré comme un nuisible, une proie pour la chasse et comme autre prestige de braconnage. Il s’agit d’une vérité qui frappe plus encore une Corée, dont on insiste sur les tensions de cohabitation, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de son foyer. La division des classes, tout comme la division inter espèces nous ramène à des instincts primaires, qu’on l’on exploite parfois avec trop de simplicité pour s’en convaincre.


Le récit s’applique malgré tout à séduire le jeune public, laissant ainsi quelques miettes aux plus avertis. Moong-chi, est notre guide à travers la crasse délivrée par l’homme, dont les dénonciations écologiques témoignent. Mais le film ne peut s’arrêter là et appelle tout de même à l’émotion, souvent forcée, mais nécessaire pour s’investir dans une lutte qui sorte ces animaux de l’oubli. L’intrigue réussit, malgré une esthétique atypique, à nous mobiliser derrière un groupe de chiens qui cherchent à renouveler leur vie. Mais l’intérêt ne durera pas jusqu’au bout du voyage, dont les nuances sont maladroitement exploitées. Et quand il n’y en a pas, c’est là que le film sombre dans une linéarité sans nom, notamment en introduisant un méchant chasseur, qui ne se définit que par sa cruauté, gratuite et sans réel appétit pour ce qu’il entreprend. Avec autant de dureté et de suggestions dans les propres, il est navrant de constater que le film n’ose pas, il se contente uniquement de minimiser l’impact moral vis-à-vis de son public cible.


C’est en creusant, qu’on peut y découvrir un fond qui parle de lui-même. Ces chiens sont le reflet des hommes, à croire que leur influence ne cesse de réécrire l’existence même de toutes les espèces qu’il côtoie. Mais là encore, nous sommes face à suffisamment de stéréotypes pour éviter toute confusion et la paresse d’écriture n’aide en rien. Seules les thématiques et leur enchaînement finissent par proposer quelque chose qu’il faudra vraiment vouloir chercher, et même dans ce cas, on piétine tout petit peu. Si l’empathie est le principal outil du visionnage, le deuil est survolé de manière grossière. Cela n’offre donc pas une issue favorable à la continuité des choses, tout comme ce retour à la Nature que l’on traite sans doute avec précipitation et donc avec pertinence. Il est évident que les cinéastes souhaitent avant tout s’engager contre la maltraitance des animaux, mais le défi reste de la rendre plus que pédagogique.


Si le décor peint en 2D inspire énormément, la partie 3D et animation des personnages ne tient qu’en une question de goût. Le dessin finit pourtant par sculpter des animaux visuellement plus proches des modèles occidentaux que ceux des autochtones. Et à l’image du film, « Nous, les Chiens » (The Underdog) évoque également plusieurs oppositions, comme cette cohabitation entre ces créatures redevenues sauvages et cet entre-deux nations, constituant finalement un havre de paix pour animaux. C’est à la fois touchant et en manque de consistance, mais les épreuves seront bien présentes pour attester des convictions d’un film qui guette l’ambition, sans forcément l’atteindre. En résumé, c’est comme un chien qui ronge son os, il manque de la substance et de matières grasses pour relever la saveur du plat.

Cinememories
6
Écrit par

Créée

le 4 juil. 2020

Critique lue 147 fois

1 j'aime

Cinememories

Écrit par

Critique lue 147 fois

1

D'autres avis sur Nous, les chiens

Nous, les chiens
Behind_the_Mask
7

L'incroyable voyage

Le film d'animation, dans l'esprit des plus étriqués, ce n'est que pour les enfants, histoire de les distraire, de vendre du produit dérivé, ou de les abêtir, surtout quand l'oeuvre se mêle de porter...

le 27 juin 2020

13 j'aime

1

Nous, les chiens
xlr8
8

Parabole...

J'ai pris beaucoup de plaisir devant ce dessin animé dont l'animation pourrait en rebuter certains. Mais je pense que pour ça, il faut être soit en mode Bisounours, soit en mode "Décelons les...

Par

le 23 juin 2020

6 j'aime

1

Nous, les chiens
Aude_L
5

Nécessaire, bien que (très) laid

Braves toutous, toujours là quand on a besoin d'eux... Mais eux, peuvent-ils compter sur leurs maîtres ? Pas forcément, comme le dénonce avec brio Nous les chiens, un film d'animation dans lequel...

le 15 nov. 2020

4 j'aime

Du même critique

Buzz l'Éclair
Cinememories
3

Vers l’ennui et pas plus loin

Un ranger de l’espace montre le bout de ses ailes et ce n’est pourtant pas un jouet. Ce sera d’ailleurs le premier message en ouverture, comme pour éviter toute confusion chez le spectateur,...

le 19 juin 2022

22 j'aime

4

Solo - A Star Wars Story
Cinememories
6

Shot First !

Avec une production et une réalisation bousculée par la grande firme que l’on ne citera plus, le second spin-off de la saga Star Wars peut encore espérer mieux. Cela ne veut pas dire pour autant que...

le 23 mai 2018

19 j'aime

2