Les films de Yannis Youlountas sont de ces films militants, qui jouent un rôle historique dans le mouvement des révolutions populaires. Ici, il s'agit encore de nous montrer ce qu'il se passe autour de chez nous ou ailleurs, ce que l'on ne voit pas souvent, et de nous le montrer avec un propos et un fil rouge : ne vous laissez pas abattre (au sens propre comme figuré) par les puissances qui tentent de mettre votre genou à terre. Continuez la lutte, car vous êtes plus nombreux.
Ce que cette lutte apporte néanmoins, ce n'est pas qu'une dimension guerrière, et Yannis le montre très bien, c'est avant tout un collectif, des solidarités et beaucoup d'innovation : comment construire et reconstruire sans les institutions. Nous n'avons pas peur des ruines, non, car nous pouvons toujours reconstruire. Nous sommes plus nombreux, nous sommes plus puissants, nos idées sont plus puissantes encore et ne peuvent être détruites.
Ce film, comme les trois précédents, a donc deux rôles principaux. Le premier est un rôle de témoin, ainsi nous n'avons plus d'excuses à prétendre que nous ne savons pas ce qu'il se passe en Grèce ou ailleurs. Ce que font les pouvoirs autoritaires, ce que fait l'extrême-droite, ce que fait le capitalisme, ce que font les personnages qui ont accès à un pouvoir qui les dépasse. Le second rôle est celui de fuel pour la révolution, d'énergisant. Ainsi, il s'agit de montrer des gens qui luttent, de montrer plein d'innovations sociales, de "bonnes idées", des gens qui s'entraident, qui s'aiment, qui s'amusent et qui surtout ne lâchent pas, et arrivent pas leur ténacité à rendre ridicules ceux d'en face. Ils annoncent "en finir" avec Exarcheia en quelques semaines ? Empêchons-le de le faire pendant des années, et tout naturellement, progressivement, apparaîtra au milieu des visages de ces porteurs de haine, un beau nez rouge.