Nous nous sommes tant aimés, au-delà d’être une fresque, sur 30 ans, de la société italienne d’après-guerre, c’est avant tout un récit du temps qui passe, des liens qui se font et qui se défont, des évènements qui changent le cours d’une vie et des souvenirs qui empêchent d’avancer comme on l’aurait voulu. Car c’est bien l’amitié presque fraternelle qui unit nos trois gauchistes pleins d’illusions, Gianni, Antonio et Nicola (et un amour commun à défaut d’être partagé…) Tous voués dans leur jeunesse à se consacrer à la cause du prolétariat, chacun prendra pourtant un chemin différent, bien loin des idéaux de l’après-guerre. De leur jeunesse et de leur fougue il ne reste rapidement que des désillusions et de l’amertume : d’avoir échoué, de ne pas avoir été le meilleur dans son domaine, de ne pas avoir su garder l’être aimé et de ne pas avoir changé le monde “C’est le monde qui nous a changé”. Peu après les retrouvailles, empreintes de regrets pour certains et de remords pour d’autres, l’heure est alors au bilan de leur vie (et qui pourrait constituer une leçon pour le spectateur contemporain plus ou moins englué dans un immobilisme mélancolique “c’était mieux avant”) : bof.