Véritable documentaire classique des temps "primitifs" du documentaire (dans tout ce que ce mot contient de positif), ethnologique, sociologique, écologique, sans voix-off, au plus près de ces gens merveilleux… des regards qui en disent longs, des bouches en forme de sourire qui parlent d’eux-mêmes, des visages épanouis. Notre monde paraît bien triste ! Le documentaire permet, dès le premier plan, d’avoir de l’empathie pour le personnage, car il est réel : ici, c’est d’autant plus vrai que c’est un jeune garçon nu comme un ver qui marche sur la plage. Voilà, c’est la vie, c’est ça, aussi aléatoire de mettre un slip que de ne pas en mettre, de s’habiller que de ne pas le faire, de manger le miel à même la ruche ou dans un pot. Décidément, l’autre monde, qui est le nôtre, n’est pas si bon que notre nombril ethnocentrique le laisse croire. Nos modes de vie, paraissant à l’opposé en tout point (ceux déjà évoqués avant, mais aussi le maquillage, à la terre ou avec des produits chimiques, la chasse et la pêche, à l’arc ou à l’arme à feu ou l’abattoir, etc.). Mais, alors que le documentaire pourrait prendre une tonalité alarmiste face au danger qui guette comme une épée de Damoclès ces 400 Jarawas, cette épée étant nous , l’autre monde, celui qui « pue » l’alcool, le braconnage, le tabac, la pollution, le vice (?) (ce qu'il fait, mais dans une moindre mesure), alors que les témoignages de ces hommes à notre opposé tendent à la prudence voire à l’inimitié, ce sont des sourires qu’ils nous envoient, et c’est de l’amour qu’ils nous montrent, sans forcément nous l’adresser, se le partageant entre eux, et cela nous met, nous, spectateurs, de bonne humeur (la vertu ?). Voilà ce qu’à peu près j’ai ressenti face à ce film : un sourire éternel du début à la fin, des rires face à la naïveté poétique des coutumes magnifiques, aucun pleur mais de l’admiration, rien de néfaste, juste une bouffé de bonheur.