Mezzanotte espresso

Quand on parle de films de prisons, on évoque surtout les classiques américains, ainsi que certains films français. Etrangement, cette œuvre de Damiano Damiani est tombée dans l’oubli, alors qu’elle pourrait côtoyer les références du genre !

Dans « L'istruttoria è chiusa: dimentichi », on s’intéresse à Vanzi, beau et riche architecte envoyé en détention provisoire car soupçonné d’avoir écrasé un piéton. Notre homme va subir une véritable descente aux enfers. Passant de la civilisation proprette à l’univers carcéral suintant, où règnent la corruption généralisée, la puissance de la mafia, et les tordus en tous genre. Son porte-monnaie ne le sauvera pas longtemps, il sera contraint à faire des choix vitaux…

Pour le dire simplement, c’est du très bon. Déjà, Damiani exploite à nouveau son fidèle comparse Franco Nero. Loin de ses rôles de pistolero imposant, l’accent est mis ici sur son physique de gringalet et son regard plein de détresse, voire halluciné dans le dernier acte !

Les décors sordides sont mis à profit par une belle photographie, ne serait-ce que les travelings dans le couloir de la prison. Ou certaines idées de déplacement de caméra autour des visages. Mais surtout, le réalisateur maîtrise se descente aux enfers, en profitant pour dénoncer un système vérolé où rien ne semble fonctionner. Les innocents sont écrasés, les pourris sont au sommet de la chaîne, ceux qui ont un peu de pouvoir en jouissent totalement !

Avec un scénario très bien construit, se voulant dur sans verser dans la caricature, proposant des personnages très humains. Et offrant un final étonnant, ni happy-end ni dénouement sombre, mais une conclusion amère, pessimiste, et tristement plausible.

Un beau film de prison, sans concession.