Nous venons en amis est un film utile. Il nous montre des choses que l’on pensait révolues. Des choses appartenant à un passé assez lointain, genre la décolonisation de la seconde moitié du XXème sicle sans même parler d’autres choses, comme les missionnaires qui viennent évangéliser tout ce qui bouge et surtout ceux qu’ils considèrent être des personnes primitives.
L’action se déroule au Soudan, pays fascinant, richissime au niveau des matières premières mais dont les habitants vivent dans une extrême pauvreté.C’est un pays vraiment extraordinaire le Soudan. On a appris il y a quelques années qu’il était même maintenant séparé en deux Etats, le Soudan du Nord et le Soudan du Sud. Cette scission s’est faite apparemment sur des motifs religieux, au nord les musulmans, au sud les chrétiens mais à peine séparés, voici que ces deux voisins se font déjà la guerre.
C’est à ce moment que l’adage diviser pour mieux régner s’applique implacablement car toutes ces divisions sont excitées par les occidentaux. Au cours de son périple, le réalisateur Hubert Sauper le montre bien. A bord de son avion improbable, il va à la rencontre des locaux, rencontre des officiels, des responsables de multinationales et les laisse parler. L’occidental est soit arrogant, soit cupide. L’africain est souvent lucide mais certains, notamment les responsables politiques, sont absolument hors propos.
L’arrogance occidentale s’observe le plus chez les missionnaires qui viennent évangéliser le Soudan. C’est juste effrayant de voir ses personnes armées de leurs bibles amener la bonne parole, tout en étant bardés de certitudes irrévocables sur la divinité et ce qu’est le bien est le mal. Quel contraste avec ces enfants nus qui ne demandent rien à personne si ce n’est que de continuer à gambader librement. Cet évangélisme, je le pensais révolu et il est pourtant encore présent au XXIème siècle. Cela donne l’impression de revivre la fameuse controverse de Valladolid
Arrogance qui se trouve également chez le diplomate américain qui pense amener figurativement et littéralement la lumière en Afrique.
Arrogance enfin chez ces businessmen qui ne cachent absolument pas leur cupidité mai prennent soin de l’accompagner de la volonté d’aider au développement du Soudan alors qu’il est clair que cela n’entre absolument pas dans leurs préoccupations.
Chez les africains transparait un grand sentiment d’impuissance. Comme pour ces jeunes filles qui sont persécutées à l’école parce qu’elles mettent leurs habits traditionnels. Comme ces gens qui vivent sur un cimetière. Comme ce chef de village qui se fait entuber par une multinationale et qui commence à subir tous les effets délétères d’un contrat qu’il n’a même pas signé.
En plus de l’impuissance, il y a également de l’inconséquence, comme ces politiciens qui vendent le sous sol pour une bouchée de pain, où ces agriculteurs qui ne souhaitent qu’être inféodés aux occidentaux.
Le topo de ce film était très enthousiasmant, au final, il y a de la qualité mais cela ne répond pas forcément à l’idée qu’on pouvait se faire du film en lisant la presse ou en écoutant les propos de son auteur.. C’est parfois un peu confus mais toujours authentique. C’est tout de même un film qui compte même s’il est projeté dans très peu de salles.