Le cinéma d'épouvante asiatique se porte bien, merci beaucoup !
Et quoi de mieux pour célébrer sa nouvelle jeunesse que ce Nouvelle Cuisine (à l'origine court du projet Three Extremes, devenu long), curieuse aventure d'une cuisinière dont la spécialité est le ravioli au fœtus humain. Régal d'une actrice has-been qui, sentant la vieillesse arriver, craint de perdre popularité et mari (un mari qui préfère les œufs pourris au embryons humains : la vie est affaire de goûts dira-t-on...).
Sur un scénario finalement assez simple, mais suffisamment malin pour se faire, à de nombreuses reprises, imprévisible et surprenant, Fruit Chan joue sur la peur ancestrale de la fuite du temps et de la dégénérescence menant à des atrocités. Le réalisateur joue également sur le tabou de l'enfant non développé, qui ne vit pas encore et qui devient malgré lui, ingrédient aidant au rajeunissement.
On pourrait rapprocher la quête de Miriam Yeung à celui de la comtesse Bathory, qui avait fait fantasmé l'imaginaire collectif en se baignant dans le sang de jeunes vierges. A une époque nouvelle, méthode nouvelle, sous-tendrait dès lors le film. Ici pas de crimes baroques et de victimes hurlantes, mais une cuisine miracle au contenu effrayant.
Face à l'actrice vieillissante incarnée par Miriam Yeung donc, Bai Ling joue celui de la sorcière-cuisinière, reprenant le flambeau ancestral de la femme instruite aux mystères du monde, y compris les plus noirs délivrant savoir, conseils et remèdes pour ses consœurs moins chanceuses. Un rôle complexe parfaitement saisi par la sculpturale Bai Ling.
Si la nausée n'est parfois pas loin devant la crudité de certaines images, le propos gentiment sulfureux de Nouvelle Cuisine frappe par son originalité et son intelligence. Il fait également le portrait d'une Chine encore pleines de recoins sombres, de fantasmes et de mystères.
Bon appétit !