Si le titre était déjà limpide, le contenu du documentaire est encore plus clair : il s’agit d’un franc plaidoyer pour l’énergie nucléaire, décrite comme un atout indispensable pour parvenir à la décarbonation de l’énergie mondiale.
En conséquence, les farouches opposants à l’atome saigneront des yeux et des oreilles. Les ardents défenseurs du nucléaire n’apprendront pas grand-chose. Et les gens indécis ou moins informés verront sans doute là l’occasion de tordre le cou à quelques mythes.
Car certes, depuis quelques années l’atome est revenu en grâce, par la montée du réchauffement climatique et la volonté d’indépendance énergétique suite au conflit en Ukraine. Mais peu de médias se risquent à livrer de tels objets ouvertement pronucléaires.
C’est peut-être la raison pour laquelle Oliver Stone a choisi cette approche radicale, qui peut surprendre. Certains ont même cru que le film a été financé par l’industrie nucléaire, ce qui n’est visiblement pas le cas. Si de gros financements avaient soutenu le film, il aurait sans doute bénéficié d’autre chose qu’une distribution totalement anecdotique.
Pour autant, le résultat apparait comme sérieux et bien ficelé. Oliver Stone a pris le temps de rencontrer de nombreux acteurs de la filière, sur plusieurs continents. Et de visiter plusieurs centrales ou projets. En termes de narration, il parvient à couvrir de nombreux sujets technico-économiques sur seulement 1h45, ce qui n’est pas aisé. La politique énergétique américaine des 70 dernières années. Des exemples de politiques étrangères (Allemagne, France, Russie, Chine…). Diverses technologies de réacteurs, dont l’engouement récent pour les SMRs (Small Modular Reactors). Les accidents majeurs de la filière.
Le tout avec pédagogie, et une narration bien rythmée, fournie par Stone lui-même. Si la musique est un peu passe-partout, à noter qu’elle est composée par Vangelis, peu avant son décès !
Par contre, il faut admettre que Stone s’attarde peu sur les défauts de la filière. Il évoque certes la sûreté et les déchets. Mais il parle simplement de la lenteur du développement énergétique. Sans rentrer dans les détails de la réglementation très lourde, des coûts élevés des réacteurs de dernière génération, des chantiers pharaoniques, ou des limites physiques s’il on voulait nucléariser tous les pays développés.
Je note aussi qu’il n’a pas du tout abordé le conflit ukrainien est ses impacts sur les politiques énergétiques européennes, notamment nucléaires. Est-ce de par son parti (Stone s’est affiché ouvertement pro-Poutine ces dernières années), ou simplement parce que le documentaire a été bouclé en 2022 ? Difficile à savoir.
A l’arrivée, « Nuclear Now » est un pamphlet non déplaisant à voir, qui a le mérité de détonner à côté des documentaires habituellement contre la filière.