Nuestras Madres s’empare d’un sujet brûlant et très peu – sinon pas du tout – médiatisé en France : soit la reconnaissance des sévices infligés à la population guatémaltèque lors de la guerre civile. L’intelligence du long métrage est de se saisir d’un anthropologue, au contact des morts, pour exhumer la mémoire et convertir un tabou en autant d’histoires singulières qui convergent vers une même horreur humaine, puisque lui-même voit se croiser un intérêt politique, donc communautaire, à un intérêt intime, la quête d’un père qui s’avèrera finalement être celle d’un corps militaire bourreau. Les plus belles séquences sont assurément les échanges douloureux entre le jeune homme et les vieilles mères dont le visage demeure inaltérable en dépit des traumatismes, le réalisateur composant une galerie de portraits silencieux fascinants, malheureusement pris dans cette mélasse doloriste qui caractérise un large pan du cinéma social contemporain.
En résulte un film inégal dont le rythme en dents de scie fond et confond les enjeux véritables avec les clichés du genre sous ciel grisâtre. Restent un sujet et des acteurs, pour la plupart amateurs, qui justifient à eux seuls la découverte de ce long métrage percutant.