L'amour à nu

Après une nuit d'amour, un homme et une femme vont se découvrir.

L’œuvre de Michel Deville a d'intéressant le fait de ne pas faire la même chose. Là, c'est clairement un concept, à la limite de l'expérimental, assez court d'ailleurs, où il n'y a que ce couple interprété par Jean-Hugues Anglade et la regrettée Marie Trintignant, qui font en quelque sorte le chemin inverse dans la naissance d'une relation. A savoir qu'ils ont couché ensemble, le générique laisse entendre leurs gémissements, puis ils vont se parler et se découvrir beaucoup de points communs. C'est aussi la liberté de ton qui me surprend agréablement, car une bonne partie du film les voit évoluer dans le plus simple appareil sans aucun complexe, mais au fond, la véritable crudité est dans leurs paroles, où l'envie de jouir, sous toutes ses formes, est constamment là.

D'ailleurs, chapeau aux deux acteurs, qui sont formidables, pour débiter autant de pages de dialogue sans que ça ne sonne comme empesé, il y a presque comme une forme de poésie qui s'en dégage de l'une et de l'autre. Je dirais même que c'est un défi en soi de garder autant de naturel, mais le procédé même du film, où la seule intervention est la musique classique de Camille Saint-Saëns, les fenêtres sont fermées, on entend quelques bruits ça et là. D'ailleurs, autre qualité du film, celui-ci est quasiment sans marqueur temporel, si on excepte une chaine stéréo, comme pour parler de l'universalité de l'amour qui ne se dit jamais mieux que quand on le dit (ou à l'écriture).

J'ai vu Nuit d'été en ville le lendemain des 20 ans de la disparition de Nadine Trintignant, et je me dis qu'avec un rôle aussi fort que celui-là, ou Betty de Claude Chabrol, on a vraiment perdu une grande personnalité du cinéma français.