Elle n'a gardé que ses boucles d'oreilles. Lui n'a gardé que sa montre.
La scène d'ouverture les présente au moment du tendre réveil qui suit le ébats sexuels. Nudité complice, mais incertitude en lice car ils se sont trouvés la veille au soir. Cela semble d'abord une coucherie sans suite, puis l'ambiance évolue. Inévitable désarroi de nouveaux amants qui constatent qu'il est plus facile de déboutonner ses vêtements que son moi intime. "Comment faire à l'autre une place autre que celle qu'il occupe sur l'oreiller ?", questionne le synopsis. Thème en or pour Michel Deville, cinéaste aimant par-dessus tout filmer le désordre amoureux.
Sa mise en scène séduit par la fluidité et la précision qui font sa renommée. Mais l'attention est surtout vampirisée par les dialogues de sa femme, Rosalinde, d'après des confidences de proches.
Elle et lui sont dans "le jour d'après"... Ou dans "la chambre avec vue" sur eux-mêmes, jeune couple sans encore pouvoir le projeter dans l'avenir. Souvenirs-monologues, confidences spontanées ou provoquées par les questions de l'autre, mensonges provisoires pour prolonger l'effet de séduction, réparties moqueuses... Ils se parlent beaucoup en passant d'une pièce à l'autre, trop même. Ils s'en disent plus en 4 h de lever qu'un couple débutant moyen en 4 semaines ! "Défaut" d'exercice de style, ce qu'est ce film, respectant le triptyque classique : unité de lieu, de temps et d'action.
Il y a pari d'auteurs de la part du couple Deville. Mais surtout un pari d'acteurs, que gagnent joliment Marie Trintignant et Jean-Hugues Anglade. Cela va bien au-delà du fait de jouer nus (superbe photo) presque tout le film. Elle a les mots justes pour ça. Il est avant tout question de "la fragilité de tout être face à l'Amour... On donne, on prend en s'aimant. On donne, on prend en jouant".
Et c'est bien pourquoi "Nuit d'été en ville" est un film qui fait chaud au coeur !

Ticket_007
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le 14 oct. 2015

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