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Une montagne désolée du Guerrero, un village reculé sur les hauteurs du Mexique. Une mère et son enfant creusent un trou dans la terre c'est un forage pour quatre mains leur halètement présage du pire. La fille s'y étend et c'est la mort sa symbolique qui plonge sa main dans nos yeux de spectateurs impuissants (première image forte qui en précédera plus d'une). C'est la solitude des femmes à flanc de colline, dans un salon de coiffure (qui est moins un salon qu'un lieu de jonction entre les âmes), dans une cour qui s'érode. C'est le réseau que l'on cherche pour joindre les proches qui sont loin entre les pavots et la majesté des vaches dont le meuglement semble un sarcasme. C'est des rêves chuchotés qui courent entre les plantes. C'est un incendie dans la nuit. C'est au milieu d'un vaste champ de blanc pur en deçà d'un volcan que la pierre est fendue et le site dynamité. C'est la puissance des grands espaces et des yeux noirs d'Ana qui vous hante longtemps. C'est la solidarité nichée entre deux mains qui se joignent à l'ombre de grosses larmes absentes. C'est un vélo qui pleure avec la pluie sous la pluie. La pluie, son ruissellement du toit. Cette innocence trop bonne des enfants qui trouvent excuses aux faiseurs d'abandon. C'est la police qui n'existe pas ou alors pour faire beau comme un billet glissé dans une poche qui ne fait qu'une bouchée de la probité. L'impulsion du vent contre les arbres. C'est le poison jeté impunément sur les êtres tous les êtres pour le rendement. C'est un village dans le tourment. Pot à lait renversé. Un scorpion en captivité dans une bouteille. L'érection d'une cloche. Traces de lutte sur le corps d'une mère en état d'hébétude : enlèvement subit de la chair de sa chair. C'est un chœur de fredonnement. L'enfoncement dans la pénombre et dans l'alcool. Le nettoyage des débordements d'adultes. C'est une balle tirée dans le jour, dont le bruit sourd retentit jusqu'à la vitre d'un ménage. C'est une école qui ferme. C'est le recentrement sur la forme la plus évoluée de la vie : l'écoute du chant du monde en dépit de l'horreur qui s'avance, masquée, et veut cercler de toutes parts. C'est l'amour d'une mère répandu dans des gestes anodins qu'on ne remarque jamais. Jusqu'à trop tard.

Sandalg
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le 11 nov. 2023

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