Ce film est insoutenable et ses images monstrueuses...
Jusqu'où l'ignominie humaine peut-elle aller ?
Jusqu'où les délires de puissance d'un homme détraqué peuvent-ils conduire un peuple à le plébisciter ? L'histoire ne serait-elle donc qu'un éternel recommencement ?
Pour bien comprendre ce film d'horreur, en deçà de tous ce qu'on peut imaginer, il faut le situer dans le cadre de son époque et de la carrière d'Alain Resnais (1922-2014) qui en a gravé les images dans le marbre ?...
Il voulait être comédien, il fut réalisateur ! Comme beaucoup d'entre eux (Melville entre autres) il se vit offrir pour fêter ses 12 ans, une caméra Kodak 8 mm...Le jeune Alain était issu d'une famille aisée, et était fils du premier magistrat de sa commune par ailleurs pharmacien...
Plus tard, il ne dédaignera pas les appareils photos Leica dont les optiques ont toujours été réputées !
Heureux enfant... qui put ensuite s'inscrire à l'IDHEC et où il fut admis comme monteur en 1943 : je ne sais trop comment il avait entretemps échappé à la mobilisation due à la seconde guerre mondiale ?...
En 1946, en Allemagne, il participe au Théâtre aux Armées....
En 1956, il est fort de 21 courts et moyens métrages, surtout consacrés à l'art, lorsqu'il entreprend
celui-ci...
Que les spécialistes s'accordent à considérer comme premier film de référence sur les machines à exterminer nazies : leurs camps de concentration...
Bien d'autres en effet ont exploré le sujet, les causes difficilement explicables d'un génocide inexplicable autant qu'injustifié....
Resnais aura cumulé 29 réalisations brèves de 1936 à 1992, et son premier long métrage "Hiroshima, mon amour" voit le jour en 1959. Entretemps, le premier plus ancien a disparu à tout jamais...
Outre ses images insupportables, ce film est flanqué d'une musique qui l'est tout autant et dont on se serait bien passé !
Les grandes douleurs ne sont-elles pas muettes ? *On ne peut dire que Hanns Eisler se soit rendu célèbre avec cette composition infecte autant qu'inutile...
Même regret pour Michel Bouquet qui aurait dû être le récitant des images qu'on subit....
"Aurait ?"
Oui car outre la cacophonie ambiante, le comédien martèle ses propos à la façon de l'hideux moustachu qui entendait diriger le monde en 1939/45.... Et martèle son texte trop vite alors que la lenteur fige mieux les images d'épouvante, voire les stigmatise...
Des images qui appartiennent au patrimoine, car elles expliquent "à chaud" pourquoi toute l'Europe a failli un temps parler allemand, et régler ses achats en deutschemarks !
En exposant les conséquences d'un dangereux maniaque dont les hérésies du fou-furieux allaient jusqu'à sacrifier son propre peuple !
Même ses plus proches collaborateurs comme Goering ne parvenaient pas à lui faire entendre la cruelle réalité des choses : pendant que le Reich exsangue, construisait bien difficilement un avion par jour, l'Amérique de son côté en construisait cent, et bien plus performants...
Voici donc les images assemblées (n'oublions pas que Resnais fut monteur) en 1956 par le réalisateur.
Un témoignage de sa part ?
Sûrement...
Une incitation à ne plus jamais avoir à filmer de telles horreurs ?
Peut-être. En tout cas, ce film est fait pour choquer, horrifier, et il y parvient... Sans effets spéciaux ! Comme ce bulldozer qui ratisse des centaines de cadavres, ou de ce qu'il en reste, avant de les faire choir comme des immondices dans d'immenses fosses creusées, sans aucune forme d'humanité... de respect... J'ose espérer qu'on n'a pas construit d'édifices sur de telles dépouilles...
On voit même des prisonniers porter sur des plateaux les têtes coupées d'autres otages, sans connaître la raison de ces décapitations particulières : essais "dits" médicaux sur les cerveaux ? Cannibalisme ?
Je ne noterai pas ce film, son intention n'était pas de divertir...
Et pour noter quoi ?
Je ne partage pas non plus la volonté d'Alain Resnais qui était de laisser aux œuvres les outrances, les blessures de leur temps et n'aimait pas les restaurations d’œuvres en général... A commencer par les livres témoignant de par leur état général, de leur abondante lecture ou non et d'un vieillissement naturel qui les honorait...
Ou en ce qui concerne les films : leurs éraflures, manques, mauvais vieillissements. Telles les rides naturelles d'un homme ou d'une femme vieillissant...
Je trouve à contrario que maintenir visibles d'anciennes œuvres, les perpétuer, contribuent comme à Lascaux entre autres exemples, à en perpétuer le souvenir et le patrimoine... Non à les reconvertir en entreprises à caractère lucratif...
Prenons pour exemple les collectionneurs de voitures anciennes qui les ressuscitent, les font revivre, mais pas en roulant avec des pneus usés car d'origine ?
Ou encore les restaurateurs des vestiges du village-martyr de cette même seconde guerre mondiale : Oradour sur Glane, qui ont bien du mal à sauver eux, de la rouille, les voitures d'époque subsistant à l'extérieur... aussi ces machines à coudre subsistant de toutes les maisons incendiées pour tenter de cacher à tout jamais les atrocités bestiales... Ne faut-il pas faire perdurer ces vestiges ? En effet :
"La guerre est l’œuvre de gens qui se tuent et ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent et eux, ne se tuent pas...".
Tu ne tueras point...
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Histoire le 27.01.2025-