Pas facile de parler de ce film d'un point de vue français.
Car si on se place du côté chinois, c'est un film extrêmement sulfureux, ayant pour sujet l'homosexualité, et des relation sexuelles poussées entre hommes.
Perso, j'y vois une sorte de ménage à trois, sauf qu'il y a deux hommes et une femme, mais que cette dernière subit la relation de son homme avec un autre. Elle semble même plus déshonorée qu'il la trompe avec un homme qu'avec une femme.
L'homosexualité étant toujours fermement condamnée en Chine, Lou Ye a dû tourner son film clandestinement, à l'arrache si je puis dire.
C'est pour cela que tant de plans semblent volés, ou se passent dans des endroits clos, à l'abri des regards, pour un geste aussi simple qu'un baiser. La qualité technique s'en ressent, le tournage ayant été fait en numérique, mais c'est le prix à payer pour voir un tel film chinois.
Contrairement à ce qu'on pourrait croire, le sexe y est présent, mais reste plutôt sage : on s'arrête aux fesses (masculines), mais le réalisateur coupe dans ses plans, à l'instar de Godard, pour cacher certaines parties trop visibles.
L'histoire est plutôt intéressante, pour tirer vers un versant tragique, mais bon dieu que c'est lent ! C'est pourtant un film clandestin, donc propice à la rapidité, je ne m'explique pas cette lenteur générale qui fait pousser l'herbe entre chaque mot des acteurs (tous très bons, cela dit).
Mais le scénario, un ménage à trois, reste assez classique, ce qui fait que je ne comprends pas son prix à Cannes 2010 ; j'y vois plus un salut au courage du réalisateur (qui a dû avoir de gros ennuis en faisant ce film). Ce que je retiens aussi ; un film courageux, original du côté chinois, déjà vu chez nous.