Ces chattes ne sont pas sauvages mais « de gouttière». Elles vivent la nuit, sont gaies et désabusées mais toujours à la recherche de l’amour. Mais ce n’est pas pour l’amour que les hommes traînent autour d’elles, mais pour l’argent, pour un service, pour un corps, pour un plaisir. Noboru Tanaka en a fait un drame parfois drôle et toujours tendre pour ses héroïnes où même dans leur malheur ces femmes restent dignes. Les scènes de sexe sont présentes mais n’ont que rarement un caractère torride. Il existe parfois de rares moments de grâce presque liturgique (scène de triolisme rendue magistrale par la bande-son) mais qui ne durent qu’un instant. Si le scénario de Akira Nakano (The Guys Who Put Money on Me, Invisible Man: Rape!, Wet & Rope, Beauty Rope Cosmetology … et Conan the Future Boy: The Big Giant Robot’s Resurrection) nous égare d’abord entre ces trois personnages, juste le temps d’installer cette atmosphère urbaine, nocturne, triste et drôle, chaude pour l’eau, froide pour les cœurs). On frôle presque l’ennui à la première demi-heure, puis les personnages principaux passent d’excentrique ou de midinette aux rôles de tragédie. On retrouve ici fugacement les moments de grâce d’Osen la maudite. Le destin de ces femmes et particulièrement de Masako n’est pas si puissant, mais Noboru Tanaka arrive à le sublimer, par ses cadrages, le rythme du récit, les décors urbains, par le son de pas dans les escaliers, par l’utilisation de musique en total décalage. En plus de cette force de mise en scène, il s’appuie sur 3 actrices pour les prostituées et Akemi Yamaguchi (Overly Ripe Breasts: Married Women) en petite amie de petit ami. Les trois actrices ne sont pas des canons de beauté mais donnent chair à leur personnage : Hidemi Hara -Jun- et Keiko Maki – Omitsu- (Temptation of the Pistil , Beads from a Petal) en femmes destinées à être bafouées par les hommes et surtout Tomoko Katsura – Masako- à la fois quelconque et superbe, en rêveuse désenchantée. On le la verra que dans un autre film aussi réalisé par Noboru Tanaka : Woman on the Night Train.
Night of the Felines n’a ni cordes, ni fouets et ne ressemble pas aux films de maisons de passe. C’est un joli portait de femmes dans le quartier de Shinjuku en 1972.

TeryA
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Roman Porno de la Nikkatsu (1971-1988) en vostfr

Créée

le 24 juin 2021

Critique lue 103 fois

TeryA

Écrit par

Critique lue 103 fois

D'autres avis sur Nuits félines à Shinjuku

Nuits félines à Shinjuku
TeryA
6

Joli portait de femmes

Ces chattes ne sont pas sauvages mais « de gouttière». Elles vivent la nuit, sont gaies et désabusées mais toujours à la recherche de l’amour. Mais ce n’est pas pour l’amour que les hommes traînent...

le 24 juin 2021

Nuits félines à Shinjuku
HPRRLT
6

CUL-VILLE :

Difficile d’écrire quelques mois après … Néanmoins je me rappelle que tout est « CUL » dans ce film… Et « grotesque » aussi : Le bordel est joyeux … Le triangle amoureux est...

le 13 juin 2021

Du même critique

La Femme aux seins percés
TeryA
5

Petit précis de manipulation à l'usage des pervers

Contient des spoilers Le film avait tout pour me déplaire : le piercing sur les seins à l’aiguille n°8 filmé de gros plan (un peu plastique le sein) et le club privé de richards oisifs pour qui une...

le 7 nov. 2021

2 j'aime

L'enfer des femmes, forêt humide
TeryA
7

Belle adaptation du divin marquis

Adapté de « Justine », le film traite avant tout la pensée du Marquis de Sade et ne se complaît pas dans les sévices infligés à la pauvre jeune fille. Il en résulte une construction atypique pour un...

le 23 juin 2021

2 j'aime

Za mania: Kaikan seitai jikken
TeryA
6

Drôle de façon de jouer aux cartes

Si je le trouve légèrement en-dessous d’ Orgasm: Mariko (1985) et de Woman in a Box (1985) dans le même genre, il n’est pas pour autant dénué de qualités. Il aurait dû s’approcher de la médiocrité...

le 23 nov. 2024

1 j'aime