"Nuits rouges" est un hommage, tout au moins un pastiche, aux aventures policières et feuilletonnesques d'une certaine époque dont Louis Feuillade est resté le plus célèbre adaptateur.
L'ombre de Fantômas plane sur le film de Franju, et la réalisation de celui ci est une incontestable réussite. Volontairement, Franju associe à la candeur presque enfantine de l'intrigue (candeur relative puisque les méfaits du sinistre "homme sans visage" et de ses sbires sont particulièrement meurtriers) une mise en scène d'une étonnante simplicité. Jusqu'à l'épure. Nulle posture esthétisante, aucun effet sophistiqué, que ce soit dans les décors ou dans la narration, ne détournent le récit de sa simplicité. De sorte que, paradoxalement, on puisse concevoir l'approche de Franju comme un exercice de style, donc comme une démarche artistique affirmée.
L'esprit du feuilleton policier rejoint celui de la bande dessinée dans cette aventure rocambolesque où la vraisemblance et la rigueur ne sont pas des nécessités. Aux confins du cinéma fantastique, le pouvoir démoniaque de l'homme sans visage, attaché à arracher par tous les moyens le secret du trésor des Templiers, détermine l'action étrange du film. Une étrangeté accrue, pour une fois de façon utile, par la légèreté de l'interprétation autant que par le caractère international et hétérogène de la distribution.
Une sympathique curiosité.