Avant même de se pencher au cœur de ce long métrage d'animation, il est intéressant de voir qu'il accumule à première vue toute les conditions requises pour gagner le statut de film "culte". En effet on se retrouve face à un film fauché doté d'une ambiance singulière et légèrement glauque ce qui lui permet de se démarquer encore plus dans un genre occupé par les 3 mastodontes que sont Pixar, Disney et Dreamworks. A l'inverse de la concurrence donc, on pouvait s'attendre à un projet moins lisse, moins calibré pour un large public, un projet peut-être casse gueule mais tout de suite pardonné pour sa volonté de proposer quelque chose de neuf et c'est dans cet état d'esprit que j'ai débuté mon visionnage.
Malheureusement il a été mis à l'épreuve tout au long de ces 1h20, passant de l’intérêt sincère au doute pour finir dans l'indifférence polie car "Numéro 9" à l'opposé de mes attentes fait son maximum pour rester dans un degré de classicisme encore jamais atteint, et pourrait très sérieusement faire passer l'intrigue d'un dessin animée Gulli comme un modèle d'originalité. C'est très simple le manque d'inspiration se retrouve partout (sauf peut-être dans le design en poupée de chiffon des personnages sortes d'évolutions du Sackboy de Little Big Planet), aussi bien dans des dialogues à la limite de la parodie tant ils sonnent creux et peu aidé par un doublage sous Insuline. Un véritable gâchis d'ailleurs quand on se doute qu'une grande partie du budget est justement allée dedans (Elijah Wood, Jennifer Connely,etc...). La même sensation de gâchis se retrouve dans le reste avec des personnages restés à l'état de croquis d'archétypes ou l'on retrouve pelle mêle, le vieillard ancré dans le passé et effrayé du changement, la Brute qui est..... une brute en fait, la guerrière courageuse, le fou aux propos incohérents, l'ami du Héros, deux jumeaux qui gesticulent beaucoup en faisant de la lumière avec leur yeux et enfin le héros vanilla sans sucre ajouté. Ces personnages évoquant autant d'émotions que les chiffre auxquels ils ont été attribués, on ne s'étonnera pas de bailler face aux différents sacrifices et actes de bravoure survenant lors de cette épopée dispensable.
Quand à l'univers, on est face à du Post-apocalyptique mêlant menace bionique et ravage de la guerre sans talent ni épaisseur. Le tout va bien trop vite en ne développant ni ses personnages ni son intrigue et tente maladroitement de le cacher en enfilant des scènes d'actions loin des ténors du genre, car oui l'aspect technique est aussi à la ramasse (les modèles 3d sont grossiers, l'animation à la peine et certains décors franchement laids, la palme d'or revenant aux explosions au rendu honteux par moment).
Vous l'aurez compris ce Numéro 9 est à classé parmi ces films "vite vus, vite oubliés" qui faute d'un manque cruelle d'audace à tout les niveaux vous laissera simplement indifférent.