Bay, Dreamworks, Touchstone : triple combo médiocrité
Le 6 avril sort toute une flopée de films. Outre Atlantique, celui bénéficiant de la plus grosse communication est une adaptation d'un bouquin venant de sortir, par le yes-man DJ Caruso, avec en tête d'affiche Alex -Rider Stormbreaker- Pettyfer, Dianna -Quinn Fabray de Glee- Agron et Teresa Palmer, produit par Michael Bay et scénarisé par les deux zigotos créateurs de Smallville. Ca vous fait peur? Et bien vous avez raison.
Pittacus Lore, tel est le pseudonyme sous lequel James frey et Jobie Hughes ont décidé d'écrire Numéro quatre, livre de science-fiction pour ado sorti en Août 2010 (oui, visiblement, il fallait être deux pour pondre quelque chose d'aussi intelligent). Le scénario a été écrit alors que le bouquin n'était que sous forme de script. Des acteurs de séries TV, une co-production Dreamworks/Touchstone (la branche cheapos de Disney) et on obtient le parfait nanard fait pour adolescente en manque de Robert Pattinson. Mais alors ça raconte quoi ce truc? Et bien on suit John Smith, ou plutôt Numéro 4, enfuis d'une planète extra-terrestre explosée par des vilains méchants. 9 d'entre eux sont rescapés, les 3 premiers sont déjà morts, tués par les vilains méchants. Il doit donc survivre. En même temps, il découvre ses pouvoirs et tombent amoureux d'une humaine. Wait... et si on remplaçait John Smith par Clark Kent? Ah bah oui, ça marche aussi. Voilà donc l'histoire de ce Smallville du pauvre, qui aurait pu être un brin divertissant (bah oui, souvenez-vous, l'histoire bidon de L'Apprenti Sorcier, pourtant on s'ennuyait pas). Sauf que là on se pose face à plusieurs problèmes.
Difficile de savoir par où commencer. Ah bah oui. Vous n'avez probablement pas vu les deux purges que sont Paranoiak et surtout SURTOUT Eagle Eye. Et bien le bougre récidive. Et une chose est sûre, c'est bien Michael Bay qui produit. La shaky cam est visiblement toujours à la mode et en plus d'un montage insupportable, Caruso ouvre son film sur une scène à vomir où tout va très vite du genre « oulalala la grosse bête ». Et comme le ridicule ne tue pas, les mauvais effets de style continuent, avec à son apogée, Teresa Palmer, tout de cuire vêtue, Ray-Ban et slow-mo bien comme il faut, à coup de « cool girls don't look at explosions ». Mais ce n'est pas fini. Pendant 1h50, on nous vomit des effets spéciaux ultra foireux au visage, avec le summum d'un chien hybride, sosie déformé du chien à Trois Têtes de Harry Potter 1 (niveau visuel compris). Les scènes d'actions sont complètement illisibles et ridicules. Non content de nous livrer de la médiocrité pendant les scènes qui aurait pu être divertissante, et bien le réalisateur nous offre des dialogues inter-minables tout droit sorti de Star Wars Episode 2, rappelant parfois notre bien aimé Twilight.
Et pour cause. Il suffit de voir les 15 premières minutes du film pour comprendre que le public visé est le même. Beaux gosses, plans pectoraux gratuit (quand Neveldine et Taylor nous offraient des plans nichons dans Crank), tous les ingrédients sont là pour ravir les jeunes filles en fleurs. Mais si les pectoraux faisaient tous, ça se saurait. Possédant un panel expressif plus large que Robert Pattinson (et un teint plus bronzé), Pettyfer n'en est pas pour autant meilleur acteur. Mais la gente masculine n'est pas en reste. En effet, l'actrice qui se révèle ici c'est clairement Dianna Agron, visiblement bien trop impliqué dans son personnage. Elle est accompagnée de la non-moins charmante Teresa Palmer qui elle, tout comme Timothy Oliphant (quoique lui, c'est vraiment grave), n'en a strictement rien à foutre d'être ici.
Bon passons. Admettons que de mauvais acteurs et un mauvais réalisateur peut être rattrapé par un bon scénario (admettons j'ai dis). Disons nous qu'on a toute une partie sur la planète de Numéro 4, qu'on voit comment ils ont été exterminés. Disons nous aussi le film évite tous les clichés sur les adolescents possibles et que le scénario regorge de twist. La bonne blague. Bah oui, parce que quand on vous dit que c'est un mix entre SmallVille et Twilight, c'est aussi qualitativement parlant. Je n'ai pas lu le bouquin, je ne sais donc pas si l'adaptation est fidèle. Mais en tant que qualité de film, il n'y a strictement rien à sauver. Suivant une histoire ultra linéaire ou absolument tout est prévisible, rien n'est développer. Les origines des extra-terrestres sont torchées en 5 minutes montre en mains et les raccourcis scénaristiques sont effarants. Les dialogues, niais au possible, accompagnent délicieusement les clichés adolescents, entre le geek boutonneux, l'ancienne fille populaire devenue la marginale qui tient un blog photo, et comble, John Smith, pseudonyme de Numéro Quatre. Inutile de vous le répéter, préférez un bon bouquin, ou allez faire un tour à la Cinémathèque.