Deux hommes se rencontrent dans un cinéma. Enea, cinéphile, veut devenir réalisateur. Pietro se prépare à devenir médecin. Le premier est urbain (de Rome), passionné, engagé politiquement pour un monde meilleur, à l'aise avec son homosexualité. L'autre est provincial (des Marches), conventionnel, timide, indécis et mal à l'aise avec son homosexualité.
Leur rencontre fortuite dans un lieu diffusant des classiques du 7e art, va bouleverser leur vie. Pendant que, sur l'écran, Giuletta Massina incarne passions contrariées et destins dramatiques, Enea et Pietro entament une relation passionnée, sous le regard bienveillant de la caissière, sorte de Sophia Loren très almodovarienne, au destin cinématographique contrarié.
Le cinéma, nommé "le nouvel olympe", est le lieu des promesses, d'un destin enchanté, d'un amour ardent pour Enea et Pietro. Mais, comme les films projetés à l'écran, le destin, sous la forme d'un incident va tout changer.
Ils se perdent subitement de vue et la vie les entraîne sur des chemins différents. Le temps passe (années 80, 90, 2000, 2010), mais cet amour empêché les hante toujours. Un nouvel incident va les réunir à nouveau.
Fernan Özpetek réalise là un film poignant. Il dépeint avec beaucoup de sensibilité les profondes blessures d'un amour contrarié, le sentiment permanent d'incomplétude et d'insatisfaction de n'avoir pas vécu pleinement, quitte à se perdre. Dans le même temps, cette frustration détruit et ronge chacun des personnages.
Le Nuovo Olimpo est le lieu symbolique du film. On y entre plein d'espoir et de rêves d'une vie enivrante, d'un amour passionné suspendant le cours du temps, d'aventures fantastiques. Mais, nous ne voyons pas les mises en garde du réalisateur. Titti, la caissière du cinéma qui se rêvait en Sophia Loren et sur l'écran, reste sur le seuil du rêve, clouée à sa caisse. Giuletta Massina, sur l'écran incarne, dans des mélodrames, des personnages aux amours et destins brisés.
Ferzan Özpetek s'inspire souvent de sa propre vie pour ses films. Enea, devenu réalisateur, s'inspire d'ailleurs de sa vie pour nourrir ses films. La mise en abyme est flagrante. Plus, Özpetek rend hommage au cinéma. À Almodovar bien sûr, tant la narration, la mise en scène et même la musique renvoient au réalisateur espagnol. Mais aussi à Giuletta Massina, incarnant souvent la femme amoureuse trahie. À son mari dans la vie, Federico Fellini, dont le décès émeut profondément Enea. Sophia Loren, bien entendu, incarnée dans la caissière du cinéma, nous renvoyant, par exemple, à Une journée particulière. Et enfin à Lelouch ou encore Truffaut.