NYMPH()MANIAC VOL:1 DIRECTOR'S CUT


Et voilà, c'est fait, j'ai vu le fameux "porno" de Lars Von Trier, à peu près deux ans que je l'attend, depuis la sortie des affiches orgasmiques qui ont fait le buzz, de toute façon le film en lui même fut un buzz. Et moi je l'attendait comme un dingue, ceux qui me connaisse et ont parlé avec moi à travers ce site ou d'autres durant ces dernières années savent que ce film était une de mes plus grosses attentes, si ce n'est ma plus grosse attente.
Pourquoi ? Je ne sais pas vraiment en faite, non ça n'est pas pour le sexe, car si je veux voir du sexe il me suffit d'aller sur internet qui en est blindé, ce n'est pas tant le coté sexe qui m'a donc attiré mais ce que Von Trier allait en faire. Je suis un grand fan du monsieur, beaucoup de ses films sont des chefs d'oeuvre à mes yeux, donc quand j'ai appris que ce mec que j'adore voulait nous sortir un film de 5h30 sur la nymphomanie avec ce casting de fou, ça m'a carrément prit aux tripes. C'est également et surtout la durée je pense qui m'avais attiré, ça n'est pas à cacher, je raffole des grands films, surtout si le sujet est passionnant et que le réalisateur est une idole, un long film très riche m’interpelle de suite, et celui ci, en plus de toutes les raisons que j'ai cité n'a pu que me rendre dingue.


Tellement dingue, que quand j'ai appris que le film dispatché en deux volumes sortirait en version censurée... (que personnellement j'appelle "amputée", car le sexe y est toujours, moins explicite certes mais enlever 1h30 au montage final, j'appelle ça de "l'amputation", pour quelque raison que ce soit.) ...ça m'a repoussé, de plus quand j'ai également découvert que Lars cautionnait mais ne voulait rien avoir à faire avec cette version, bah ça m'a quasiment "tué". Je n'ai pas vu d’intérêt à voir une version sali et même pas monté par son réalisateur, si je veux voir un film de Lars Von Trier, c'est pour voir un film de Lars Von Trier ni plus ni moins, je veux voir sa conception, son idée, son montage... pas le travail d'un vulgaire monteur qui enlève des scènes importantes et qui bafoue le boulot d'un génie.
Oui car pour parler des 1h30 supprimés du premier montage, ça disait partout à l'époque que c'était 1h30 de gros plans sur les actes sexuels, ce qui m'a bien fait rire durant le visionnage du Director's Cut, car c'est juste impossible. Que ce soit dit, dans le premier volume, 30 minutes ont étaient retirées, puis remisent dans la version longue, et d'après les dires ce serait 30 minutes de sexe, et j'ai eu envie de rire en voyant le montage final car il ne doit même pas y'avoir au total plus de 30 minutes de sexe, idem sur le second volet où sur l'heure rajoutée il n'y a pas plus d'une heure de sexe, ce qui reviendrait au faite que les scènes coupées ne viennent pas uniquement des séquences sexuelles, et maintenant que le montage final est là on se rend mieux compte. J'ai grâce aux bonus de mon blu ray découvert les différences entre les deux montages, et bien il y a pas mal de scènes non sexuelles rajoutées, des scènes d'ailleurs très intéressantes et qui efface quelques faux raccords de la première version.
'Fin bref, tout ça pour dire que le montage voulu par Lars est bien plus cohérent et logique que le premier, premier montage que je n'ai pas vu, je ne sais pas si ça a été claire, j'ai attendu la "vraie" version avant de voir ce film que j'attendais depuis un bail, et c'est peu dire. Alors que j'avais les moyens légaux ou illégaux de voir le montage amputé il y a un moment. Mais je n'ai pas voulu, Lars a voulu faire un film, j'ai voulu voir ce film, aucun autres.


Parlons maintenant du film, du moins du premier volet qui une fois au complet s'élève à 2h17, donc à peu près 30 minutes en plus, ça peut paraître insignifiant mais ça efface pas mal d'incohérence et donne un aspect plus complet au film.
Je pourrais résumer ce film en une phrase, une sorte de slogan: "Une nuit pour raconter une vie", ouais c'est jolie je sais merci, non pas d'autographe ça va, oh n'insistez pas voyons, vous devenez pénible là ! Bon j'me casse.....
C'est bon je vous pardonne, mon génie me rend parfois nerveux... je suis aussi un peu modeste, on me le dit souvent mais bon je vais poursuivre quand même, je vais pas m'arrêter en si bon chemin.


Bon le synopsis tout le monde le connait je pense: un soir dans une ruelle, un vieil homme prénommé Seligman trouve une femme en sang allongée sous une fine pluie de flocons de neige, il la ramène chez lui, dans un appartement un peu miteux clairement habité par un célibataire, Joe, c'est cette femme mystérieuse, va au long de cette nuit paisible lui conter sa vie jusqu'au moment où il l'a trouvé sur le sol de cette ruelle. Une vie bercée par une maladie, comme le dit si bien le titre, la nymphomanie.
Les admirateurs de Von Trier saurons que le personnage est quelque peu friand de sexe, déjà avec "Antichrist" c'était bien explicite mais là il fait encore plus fort, il ne faut cependant pas tomber dans l'idée que c'est un porno, qu'est ce que j'ai pu défendre ce film même avant de l'avoir vu contre les imbéciles traitant ce film de porno. Certes durant le festival de Cannes où Lars présentait son "Mélancholia", il a parlé de son prochain film comme étant "son film pornographique", mais n'importe qui qui connait un peu le monsieur sait que c'est avant tout de la provocation.
Ce que les gens ou plus particulièrement une partie des gens ne comprennent pas c'est qu'un film où il y a des scènes de sexe explicites n'est pas pour autant un porno, un porno n'a qu'une fonction, donner au spectateur envie, plus particulièrement de se masturber. M'enfin bref, en gros un film porno va s'attarder sur des scènes de sexe et broder une histoire vue et revue sur le tout pour pas que les scènes de sexe arrivent de nulle part, alors qu'un film avec des scènes de sexe comme celui ci dispose avant tout d'un scénario construit qui utilise les scènes de sexe pour servir le scénario, ouais bon, c'est compliqué à comprendre hein ?
Surtout que je vois pas l’intérêt de faire un porno de 5h30 donc bon, déjà là y'a un indice.


Je dis 5h30, car normalement la version entière dure 5h30, mais apparemment elle est descendue à 5h25 et au final je crois bien qu'elle ne fait que 5h12 et quelques, m'enfin, c'est déjà énorme, même si j'ai toujours tendance à croire qu'un chiffre rond rallonge le film, comme par exemple un film de 2h59 ne fait pas 3h00 pour moi, mais c'est dans la tête, ce qui nous amène à la psychologie qui fait partie intégrante du film.
Lars, au milieu de cette fresque érotique d'une densité rare nous envahi (dans le bon sens) de métaphore et de psychologie de l'être humain, cela est du aux personnages principaux qui sont tout de même Joe et Seligman, Joe raconte son histoire en invoquant l'aspect psychologique de l'humain, alors que Seligman peu concerné par les histoires de fesses de son invitée s'amuse à rapporter les actes de Joe à des métaphores et à des anecdotes, je pense à l'hélicoptère, la fourchette à gâteaux, les mathématiques et j'en passe pas mal pour laisser la surprise. Et tout comme les personnages nous arrivons à s'attacher à eux et à les comprendre, d'ailleurs certains comprendront mieux l'un que l'autre, comme moi par exemple, j'ai comme Joe pas toujours compris Seligman qui est un homme cultivé et qui connait beaucoup de choses grâce à la littérature, comme d'un autre coté je ne comprend pas toujours les sentiments de Joe car je n'ai pas vécu ce qu'elle a vécu, mais c'est justement ça qui fait que le film est vivant, les personnages sont tellement profonds émotionnellement et intellectuellement qu'il est impossible de les déchiffrer parfaitement.
Faut dire que Von Trier connait bien la nature humaine, il sait créer des personnages très profonds et extrêmement réalistes, d'ailleurs on retrouve un peu de lui dans ces deux personnages, mais j'en dirais plus là dessus dans la critique du second volet.


Ce premier volume nous concentre sur cinq des huit chapitres, pas très étonnant une fois encore pour les connaisseurs du réalisateur, bon nombre de ses films sont bâtis sur des chapitres.
Nous suivons ici la première partie de la vie de Joe, de son enfance avec son père aimant et sa mère pas vraiment sympa, jusqu'à sa relation de couple avec un certain Jérôme. Joe raconte à Seligman son histoire basée en grande partie sur la nymphomanie, car comme elle le dit, elle aurait découvert sa maladie à seulement deux ans. Nous assisterons à sa première fois assez rapide et en rien romantique où l'addition 3 + 5 est à retenir, nous la suivrons dans sa folie sexuelle où seule l'envie de baiser est présente, son adolescence se résume à faire partie d'un groupe de fille un peu spécial où l'amour est exclu, d'ailleurs Joe exclu l'amour de sa vie en résument parfaitement ce sentiment: "l'amour c'est du désir avec de la jalousie en plus", une très belle phrase qu'elle prônera longtemps même si le fameux Jérôme sèmera un doute en elle.
Son parcours est fascinant, en tout cas ce début de parcours puisque sa vie de femme sera bien plus exploitée dans le second volume, dans ce premier nous suivons principalement la jeune fille qui découvre sa maladie et se cherche encore. D'ailleurs celle qui incarne le personnage de Joe jeune n'est autre qu'une inconnue, ou plutôt une "actrice" inconnue car elle a fait de la mode, c'est une britannique ayant fait du mannequina. A l'époque de la sortie des volumes "amputés" tout le monde... enfin encore une fois je généralise mais une grande partie des gens ont félicités la prestation de cette Stacy Martin, qui en plus d'être physiquement un bon choix vu qu'elle ressemble à Charlotte Gainsbourg est une vraie révélation, pour un premier rôle c'est dingue d'être aussi incroyable, je ne sais même pas quoi dire à son propos en faite, et puis si Lars l'a prise c'est bien pour une raison, niveau casting il n'est pas du genre à prendre des manches.
Stacy Martin porte donc ce premier volet avec irréprochabilité si j'ose dire, oui elle le porte, car Charlotte Gainsbourg incarnant Joe plus âgée n'est dans cette partie qu'une sorte de narrateur, enfin elle raconte son histoire tout du long le cul au chaud sur le lit de Seligman mais dans la seconde partie nous la verrons plus en action. Car pour ceux qui ne l'auraient pas compris le film est blindé de flashback, Joe raconte sa vie à Selig donc la plupart des choses qui arrivent sont via des flashback.
Je parlerais de Charlotte et Stellan lors de la critique du volume 2, je me concentre pour l'instant sur les principaux acteurs de ce volume ci. Donc aux coté de la jeune Stacy nous retrouvons un Shia LaBeouf (le fameux Jérôme) dans un rôle inédit pour lui, jamais il n'aura eu de personnage aussi fort et loin de ce qu'on lui propose d'habitude, c'est en quelque sorte une révélation également, à moindre mesure bien sur. Sa relation avec Stacy est parfaite, ils se tournent autour et finissent par ce rendre compte que l'amour existe, même si au fond d'eux c'est un sentiment trouble. Shia adule Von Trier, voilà pourquoi il a surement décider de tout donner dans ce rôle, pour dire à quel point il était prêt à tout pour ce rôle j'ai une petite anecdote, elle est connue mais tout le monde ne le sait pas forcément, la production aurait demandée une photo du pénis de Shia, enfin c'est même pas "aurait", elle lui a demandée, et il l'a fait sans problème, en même temps, montrer sa bite pour décrocher un rôle aussi génial c'est pas cher payé.
Christian Slater, acteur en berne depuis longtemps qui s'en sort grâce à des séries B retrouve enfin un rôle à sa hauteur, il incarne ici le père de Joe, un homme bon qui aime sa fille par dessus tout et qui est un amoureux de la nature, les arbres et leurs feuilles sont une passion pour lui qu'il transmet à sa fille, d'ailleurs tout du long Joe a une relation spéciale avec la nature, ce qui offre des plans en extérieurs magnifiques.
Uma Thurman s'est bien faite remarquée par sa présence dans le film, elle a beau avoir un petit rôle pas très important, elle se donne à cœur joie à jouer les femmes jalouses, ce qui offre une scène presque théâtrale, on se croirait au milieu d'une pièce de théâtre où la femme découvrirait que son mari a une maîtresse. cette scène est au cœur du chapitre 3, et d'après certains c'est une scène drôle et comique, certes elle est avant tout comique, mais c'est un humour spécial, je n'ai pas ri par exemple, d'ailleurs j'ai peu ri durant le film alors qu'il se veut bien plus drôle que ce que l'on pense, Lars est un coquin et un malin, il a beau faire passer des messages et filmer l'être humain avec pessimisme il n'en reste pas moins drôle. Bon tout ça pour dire que Uma est exquise dans ce rôle, sinon d'autres personnes comme Jesper Christensen, Sophie Kennedy Clark ou même de vieux amis de Lars comme Jens Albinus complètent le casting du premier volume.


Je passe du coq à la chatte mais une chose m'est revenu plusieurs fois avant que je vois le film, comme par exemple cette fameuse ouverture sur un morceau du groupe allemand Rammstein, certes la musique est démente et explose le tout, c'est impressionnant de voir ce genre de musique sur un tel sujet, mais bon LVT est apparemment friand des musiques du style, déjà avec "L’hôpital et ses fantômes" où le générique était bordé d'une musique glauque dans le même style.
Bref, je voulais surtout dire que non, le film ne s'ouvre pas là dessus, avant de nous balancer ce fabuleux morceau Lars nous fait visiter la ruelle où se trouve Joe, enfin visiter, il filme quelques trucs d'ambiances, oh je trouve pas les mots zut, par exemple il filme des gouttes de pluie qui tombent sur un couvercle de poubelle ou encore un vieux ventilateur rouillé qui grince, et encore avant cela nous n'avons juste qu'un écran noir en face de nous, il doit durer plus d'une minute, où seul le son nous accompagne. Et on entend tous les petits bruit de la ruelle, avant de voir les objets par nous même, seulement après cet écran noir et ces quelques plans sur les alentours le morceau du célèbre groupe allemand s'envoi, et dessus on découvre le corps de Joe allongé au sol.
Oui je chipote me direz vous, mais pour moi l'ouverture du film ne se passe pas trois minutes après son début.


Enfin bon, que dire de plus sur ce premier volet, ne vous inquiétez pas, j'ai volontairement délaissé des choses pour les insérer dans la critiques du second volume, faut bien que je me garde des trucs de coté sinon la critique va pas faire plus de dix lignes.


NYMPH()MANIAC VOL:2 DIRECTOR'S CUT


Et voilà le volume 2, la suite et fin d'une fresque époustouflante écrite et réalisée par un pur génie nommé Lars Von Trier.
Ce volet qui une fois non "amputé" dure 2h50 est bien plus hard et glauque que son précédent, on oublie ici la jeune Joe qui ne savait pas encore très bien ce qu'elle voulait pour trouver une femme sur d'elle mais encore sous l'emprise de sa maladie, si ce n'est plus. Car à la fin du premier volume la jeune Joe dit à son compagnon Jérôme qu'elle ne ressent plus rien, elle a tellement baisée qu'elle a bousillée sa chatte (je reprend à peu près les termes du film). Ici nous la suivrons dans les pires situations où elle ne cherche qu'une chose, retrouver son plaisir, la double pénétration, le sadomasochisme, tout y passe pour elle, elle ne recule devant rien pour retrouver la seule chose qui la fasse se sentir vivante.


Un volume 2 très cru donc, à tel point qu'on y verra même un avortement sans anesthésie en direct live, scène inédite à la version longue, c'est certainement la scène la plus éprouvante de tout le film, voir cette pauvre Joe s'enfoncer des aiguilles et un cintre dans la touffe (pour rester poli) c'est hardcore, surtout avec ce sang bien rouge qui dégouline, vous pouvez vomir, allez y...
Et comme si c'était déjà pas assez violent Lars nous affiche également l'acte sous forme d’échographie, ce qui fait qu'on voit bien les aiguilles à l'intérieur, on verra même le fœtus sorti baigner dans une mare de sang.
Ouais je sais, ça pique à l'intérieur de vous, faut dire que je raconte bien aussi.


Joe continue de raconter sa vie à Seligman au saint de cet appartement, pour raconter les différents chapitres de sa vie elle les associent comme l'a suggéré le personnage de Seligman au début de l'histoire à des objets présents dans la pièce. Ce qui d'une part permet à Seligman de mieux comprendre les actes de Joe grâce aux métaphores liés aux fameux objets et d'une autre ça permet à Lars d'ajouter un ton comique à toute son histoire. Rien que le premier chapitre, où Joe raconte son concours très spécial dans un train et que lui associe le tout à la pêche à la mouche, ce qui offre des moments cocasses et une certaines légèreté au milieu de l'histoire glauque de Joe.
Chaque chapitre est donc associé à un objet, dans l’ordre nous avons donc la pêche à la mouche, suivi d'une fourchette à gâteaux, un tableau avec inscrit "Mrs. H....", un rapport avec la mort du poète Edgar Allan Poe, un morceau de musique de Bach, un tableau en rapport avec l'église de l'orient, un miroir et une tache de thé rappelant un pistolet.
Faut quand même avoir de l'imagination pour associer des actes humains et sexuels avec ces choses là, on peut également trouver que c'est une sacrée coïncidence de trouver autant de points communs entre la vie tourmentée d'une femme et de simples objets, ça peut même paraître ridicule que par exemple la tache de thé au mur représente exactement la forme d'un pistolet au moment même où elle en a besoin pour son histoire. Mais il est évidement que ce ridicule est voulu par Von Trier, tout est millimétré avec lui, d'ailleurs pas mal de choses dans l'histoire de Joe sont invraisemblables, on ne sait donc pas tout comme Seligman si elle dit vraie, si elle n'invente pas un peu, en fin de compte on ne saura pas si tout est vrai, et c'est ça qui est fort aussi, au fond que ce soit vrai ou pas, c'est pas bien grave, c'est surtout notre réaction qui compte tout comme celle de Seligman.


De toute façon quand on regarde le film en entier on se rend compte que Lars part dans beaucoup de délire, si on prend chapitre par chapitre on a (de mon point de vue) avec le premier la bêtise et la fouge de l'adolescence, l’immaturité et l'envie de s'amuser, avec le second c'est une sorte de comédie romantique, avec le troisième c'est la fameuse pièce de théâtre dont je parlais dans la critique du volume 1, dans le quatrième c'est le pur drama familiale filmé en noir et blanc, le cinquième est un genre de morceau de musique où les morceaux de vies s'assemblent comme différents instruments, le sixième c'est la recherche du plaisir dans la souffrance, le septième relève presque de l'horreur où tout est une menace sexuelle, et le dernier est certainement le plus dingue le film de gangster.
Voilà pourquoi il est impossible de prendre ce film au sérieux, si on le prenait vraiment au sérieux on irait directement se jeter par la fenêtre, Lars s'amuse à nous provoquer avec finesse et ingéniosité.


Je voulais aussi revenir sur le "Mrs. H" dont j'ai fais part plus haut, c'est également le titre du chapitre 3, mais je me tourne vers ça pour dire que la plupart des personnages du film sont souvent référencés par la première lettre de leur prénom, comme Joe raconte son histoire à un inconnu elle n'utilise que la première lettre des prénoms, la plupart du temps en tout cas car Jérôme et quelques autres sont souvent appelés par leur prénom, mais sinon nous avons à faire à des Mrs. H donc ou encore à K, L, P, B, enfin vous voyez quoi. D'ailleurs sur les affiches orgasmiques promotionnelles on voyait les acteurs avec la lettre de leur personnage inscrite au dessus d'eux.
Bon je veux bien reconnaître que ça n'est pas le plus important mais je voulais en parler.


Pour revenir à ce que je disais dans la critique du volume 1 à propos du faite que Lars se retrouve un peu en les personnages de Joe et Seligman, il est vrai que c'est le cas, j'avais plusieurs fois entendu ça de la part de critiques de cinéma, il est vrai que l'opinion et la mentalité de Lars Von Trier se retrouve souvent dans les propos de ces deux personnages.
Rien que vers la fin de ce volume où Joe parle de Hitler, ça renvoi directement à ce qu'avait dit Lars durant la conférence de presse de Mélancholia à Cannes. Ou encore du coté de Seligman qui ne comprend pas bien les gens car il ne connait rien à la vie, les seules choses qu'il connait sont inscrites dans des livres, et on sait tous bien qu'on ne peut apprendre la vie dans les livres. Donc Lars montre d'un coté qu'il ne comprend pas bien l'humain et d'un autre qu'il le méprise, enfin c'est plus fin que ça et plus complexe, c'est difficilement déchiffrable car aucun des spectateurs que nous sommes ne connait vraiment l'homme qu'est Von Trier. Je sais juste, ou du moins j'ai l’impression comme certaines personnes qu'il se filme à travers ces personnages, et une chose peut servir de preuve à mon avis, durant le volume 2, au moment où Joe et Selig parle des miroirs, on se retrouve nous spectateur face à un miroir, j'ai eu du mal à voir ce qui se refléter, et je me suis rendu compte qu'en faite c'est la caméra, et des bras à coté, sans doute ceux de Lars, ça dure très peu de temps mais c'est à mon sens une sorte de preuve quant à la théorie cité plus haut.


J'avais aussi parlé de l'addition 3 + 5 durant le premier volume, il s'agit des coups que Joe a prit pendant son dépucelage, pour rester poli, 3 coups par devant et 5 coups par derrière, et cette addition fait aussi parti de la célèbre suite de Fibonacci d'après Seligman, et d'après un critique français ça pourrait aussi faire référence au faite que le premier volume du film contienne 5 chapitres et le deuxième 3, en gros 5 + 3 qui à l'envers donne 3 + 5.
Ça peut également paraître peu important mais je tenais à le dire quand même.


En parlant des coups prit par Joe, j'en viens à une partie plus intéressante, les effets spéciaux, car oui il y a des trucages numériques dans ce film, on ne les remarques pas n'est-ce pas ? Incroyable ! Non sans rire, je trouve ça incroyable ce qu'on arrive à faire de nos jours avec le numérique, ici les effets spéciaux ont servis lors des scènes de sexes, car aucune n'est simulée. Chaque scène de sexe est réelle, d'où le faite qu'on pourrait croire à un porno, mais il ne faut pas confondre film porno et plans porno.
Pour faire court, le bas du corps des acteurs du film sont en faite ceux d'acteurs porno, la scène de sexe est tournée une première fois avec les acteurs porno et ensuite les acteurs du film refont les scènes en simulant l'acte, et le haut de leur corps est incrusté ensuite au montage sur celui des acteurs porno. Je trouve ça fascinant, surtout qu'on ne voit aucune différence, on croit vraiment que c'est les acteurs qu'on suit durant le film qui pratiquent l'acte, voilà pourquoi les plans explicites sont importants, pour qu'on croit vraiment que ce sont les personnages qui font l'amour..


Un montage numérique qui m'amène à parler du niveau technique du film, pour parler du montage en lui même il est comme à l'habitude de Lars brutal, les cut sont pas raccords, les acteurs passent d'une position à une autre en un clin d’œil, enfin bon c'est le style de Von Trier, un style qu'il utilise toujours à la perfection, ça pourrait paraître amateur et stupide mais quand c'est un maître qui a quasiment inventé le style derrière ça ne peut qu'être bon.
Pour ce qui est de la réalisation, bah elle ne déroge pas à la règle, Lars s'offre comme toujours pas mal de plans caméra à l'épaule, mais il sait également comme avec "Mélancholia" offrir des plans fixes sublimes. Je n'ai jamais pu critiquer la maîtrise de ce bon vieux Danois et ce n'est certainement pas maintenant que ça va commencer.
De plus plusieurs styles sont utilisés au cour du film, que ce soit caméra à l'épaule avec une image granuleuse, ou une image noire et blanche, voir même un format différent de celui du reste du film, Lars s'amuse clairement avec cette oeuvre, il mélange un peu tout ce qu'il a déjà pratiqué, c'est une sorte de best of de sa filmographie avec une histoire fabuleuse et d'une richesse impressionnante.
C'est à se demander ce qu'il pourrait bien faire après ce film, j'en ai aucune idée, il prépare pour l'instant une série mais en terme de film il se pourrait qu'il arrête, ce qui d'un coté serait triste mais d'un autre son Nymphomaniac clôturerait sa filmographie en apothéose, "une fresque et puis s'en va", en quelque sorte.
Et même Jørgen Leth qui a réalisé "Five Obstructions" avec lui trouve que c'est une sorte de film testament où il a voulu montrer tout ce qu'il était capable de faire, et il n'a pas tort.


Pour revenir à la réalisation, je suis un grand amateur des incrustations dans les films, que ce soit des dessins, des images ou même des textes, et ici je n'ai pu que me régaler, Lars se lâche totalement et incruste un nombre conséquent de chose, que ce soit des images d'archives ou des dessins comme celui de Achille et la tortue, ou encore des calculs comme le fameux 3 + 5, et puis pas mal d'images d'archives servent aussi les métaphores, ce qui en plus d'être quelque par éducatif est divertissant.


Et puis y'a aussi les décors, que ce soit un simple appart miteux où un forêt enneigés le tout est impeccable, c'est choisi avec précision et justesse, voir une mise en scène aussi forte et soignée que celle de Von Trier prendre vie dans des décors qui peuvent paraître si simple et pourtant. Oui je trouve qu'un appart miteux est un bon décors, de toute façon n'importe quel décor bien fait que ce soit une baraque pourrie ou des paysages resplendissants, du moment que c'est réaliste et bien décidé n'importe quel décors peut être impressionnant.


Pour ce qui est de la bande son, nous avons la plupart du temps à faire à de la musique classique, que ce soit dans le premier ou second volet, même si dans le premier nous avions également quelques autres morceaux comme celui de Rammstein absent de ce volume, nous sommes bordé la plupart du temps par du violon et du piano, du Bach, du Beethoven et nous retrouvons même le thème principal de "Antichrist", et à la fin du second volet, donc à la fin du film quoi, Charlotte Gainsbourg elle même nous chante Hey Joe sur le générique, très belle musique.
En gros, Lars mélange un peu les genres même si le classique prime, ce qui n'est pas une mauvaise chose vu les morceaux, et ça ne fait que rajouter une certaine poésie à cette fresque déjà en elle même assez poétique.


En parlant d'Antichrist, certaines scènes de Nymphomaniac sont quand même clairement ressemblantes, si je ne devais donner qu'un exemple ce serait la scène où le fils de Joe... (oui elle a un fils) ...s'approche du balcon, la neige tombe et la musique d'Antichrist débarque même à ce moment là, ça rappelle plus que nettement l'ouverture de ce dernier où le gosse se jette par la fenêtre alors que la neige tombe.
Et oui, le personnage de Joe a un fils, ce qui m'a également étonné car je ne m'y attendais pas du tout, sa relation avec lui est très difficile vu le manque d'amour qu'elle a en elle, mais je n'en dirais pas plus sur ce point.
Par contre il y a une chose à laquelle je m'attendais, la fin, que je savais malheureusement déjà, c'est de ma faute j'en suis conscient, je n'aurais pas du fouiner sur internet avant de le voir, et quel final quand même, pendant plus de cinq heures Von Trier nous évoque des choses sur la nature humaines, il fini par dire que l'humain n'est pas si mauvais alors qu'au début c'était le contraire, Joe pense être un monstre et grâce à Seligman elle comprend que non, que l'humain n'est pas forcement mauvais, et là BIM, un retournement de situation arrive et élimine tout ce que Lars nous raconte depuis le début.
L'humain est mauvais, c'est tout, la relation entre Joe et Selig n'a fait qu'évoluer au long de cette nuit paisible, pour au final exploser, violemment même, et Lars fait comme au début de son oeuvre, il nous présente un écran noir où seul le son est à notre disposition, plusieurs bruits retentisses et on imagine très bien ce qu'il se passe.
Un final qui en a déçu plus d'un, moi je ne vois pas comment je pourrais être déçu, simplement déçu d'avoir su la fin avant de la voir mais bon ce n'est pas ça qui gâchera le faite que ce film est une pépite et certainement le meilleur de son réalisateur.


Bon, il est temps de parler casting, Charlotte Gainsbourg en tête se retrouve pour la troisième fois sous la direction de ce bon vieux Danois, elle porte toute cette oeuvre avec un talent extraordinaire, je ne sais pas bien quoi dire en faite, je n'ai ici aussi que des compliments à faire. Elle arrive à nous captiver avec son histoire pourtant pas jouasse, elle incarne à la perfection son rôle de Joe, Joe qui est le prénom de sa fille, dans la vraie vie bien sur, j'imagine la tronche de la gamine qui verra ce film plus tard, déjà voir sa mère en sandwich entre deux noirs ça va pas être joli mais de savoir que son personnage a le même nom qu'elle c'est encore pire.
Stellan Skarsgård, très vieil ami du réalisateur porte le rôle du fameux Seligman, un homme cultivé, puceau et à la vie pas très joyeuse, en gros c'est la personne parfaite à qui se confier, voilà pourquoi Joe le fait, et Stellan comme toujours chez son ami est grandiose, il donne à son personnage une culture mais lui enlève également son coté humain, car bien que Seligman compatisse à la vie de Joe, il n'y comprend pas grand chose, il ne connait rien à la nature humaine, en gros c'est une sorte de livre où Joe écrirait sa vie.
Deux excellents acteurs et je pèse mes mots, ils sont accompagnés par de nombreuses personnes comme le jeune Jamie Bell, ça fait bizarre de voir le petit Billy Elliot dans un rôle si malsain, et pourtant il y excelle. Mia Goth, jeunette très talentueuse que je découvre ici, elle est parfaite en gamine attachante qui n'est finalement pas si gentille. Lars retrouve un court instant Willem Dafoe qu'il avait dirigé dans "Antichrist", bon bah y'a pas grand chose à dire sur lui, Dafoe est toujours exceptionnel.
Et ce bon vieux Von Trier retrouve également ses vieux copains, il les a tous mit, on a eu Stellan Skarsgård et Jens Albinus, dans ce volume nous avons en plus Udo Kier et Jean-Marc Barr, un indice de plus que ça pourrait être son dernier film, il inclut ici tous ses amis.
D'ailleurs en parlant de Udo, la scène du restaurant où il joue le serveur est assez drôle, il s'agit d'une question de cuillère et de vagin, mais je n'en dirais pas plus.


Ah c'est fou tous les compliments que je pourrais faire, mes deux grosses années d'attentes n'ont pas été vaines, voir une fresque aussi riche, complète et aboutie de la part d'un de mes réalisateurs préférés ça fait tout de même du bien.
Que dire de plus, je ne sais vraiment plus là, je pense en avoir assez dit en même temps, je pense également avoir démontré mon amour pour le cinéma de Lars Von Trier et de ce film. J'avoue également que j'avais très peur de cette critique, que ce soit celle du volume 1 ou 2, j'attend ce film depuis tellement longtemps que je ne pouvais que faire une critique digne de ce nom, et j'espère avoir réussi.


Merci encore à ce génie qui signe sa plus belle oeuvre.

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le 10 févr. 2016

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le 15 janv. 2016

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