Critique sur les deux parties de Nymphomaniac ...

Vu les deux parties, quasiment à la suite ... A ce niveau-là, je pense pouvoir dire que je n'aime pas le cinéma de LVT. Attention, je vais spoiler.

Déjà, ça ne suffit pas à LVT de parler simplement de sexualité et de nymphomanie, monsieur pète plus haut que son cul et étale sa haute culture (références latines, littéraires, religieuses) à travers une symbolique totalement crétine et éculée. Il nous avait déjà fait le coup dans Antichrist, et c'était déjà d'un ridicule rare, il s'était calmé dans Melancholia et là, il récidive. Alors, j'aime bien les références tarkovskiennes qui pullulent ici et là (l'arbre, l'icône orthodoxe de Andrei Roublev, la musique de Bach, un chapitre qui s'appelle "le Miroir, et la lévitation de la gamine). Mais il serait temps pour Von Trier de comprendre que, contrairement à lui, Tarkovski n'est pas un misanthrope aigri qui déteste ses personnages (je reviendrai là dessus plus tard). Bref, pour revenir un instant sur la symbolique, je la trouve non seulement prétentieuse et hors-sujet (en plus d'être parfaitement clichée) mais c'est son utilisation qui est la plus risible je crois.
Le double dispositif de mise en scène instauré par LVT (dialogue avec Seligman ponctué de flash-back qui racontent l'histoire) est déjà lourdingue. Mais au moins, dans Antichrist, LVT essayait tant bien que mal d'intégrer les références au récit. Le problème ici, ce sont les commentaires de Seligman qui sont au mieux ultra didactiques et interprétatifs du film (en ce sens, le film me rappelle un peu la purge qu'était le dernier Ozon, c'est dire ...), au pire totalement hors sujet.

D'ailleurs, je me demande s'il n'y a pas là la trace d'un recul de Von Trier sur son sujet, qui tire la couverture, couvre le film de symboles stupides et clichés pour mieux mettre en avant la vacuité du dispositif et des références. Le dispositif serait alors une idée astucieuse, comme un aveu de roublardise un peu vain certes mais intéressant.

Donc, je n'ai pas tranché là dessus, il y aurait deux idées : celle du cliché, de la stupidité et celle de la dénonciation de cette stupidité. Mais il faut alors voir le discours de Seligman comme purement parodique ce qui, vu l'ego de Mr Von Trier, me semble difficile.

Bon, je vais la faire courte. La première partie est très médiocre, déjà parce que les symboles sont omniprésents, bêtement annexés par Seligman au récit de Joe. Ensuite, LVT multiplie les effets esthétiques vides et tape à l'oeil. Je reconnais que certains sont efficaces, je pense notamment à la séquence en split screen où LVT fait une analogie lourdingue (mais bon, pourquoi pas, on connaît LVT, il est à la subtilité ce que BHL est à la philosophie) entre la polyphonie de Bach et les trois amants de Joe. Certes, ça n'a pas le moindre intérêt mais il y a là au moins une tentative de création qui marche, preuve que LVT a quand même un certain talent.
Mais surtout, ce qui me gêne dans cette première partie, c'est ce pseudo-lyrisme répugnant qui en ressort. LVT fait mine d'avoir de l'empathie pour son protagoniste mais tout ça sonne fake et tout à fait artificiel. Les scènes de cul sont désincarnées et débandantes, tant tout ceci semble calculé et balisé. Il y a d'ailleurs des séquences tout bonnement imblairables dans cette première partie, la mort du père, noyée dans un N&B pompeux et des vignettes racoleuses à deux balles pour choquer le petit bourgeois. Ou encore toute la partie avec Shia Labeouf (en plus de devoir se coltiner sa tête d'abruti) où il est juste impossible d'y croire tellement c'est bête et convenu.

La deuxième partie est un petit peu mieux, déjà parce que Seligman ferme un peu sa grande gueule, et surtout parce qu'on y retrouve une esthétique de la destruction, de la détérioration dans lequel LVT se sent à l'aise comme un poisson dans l'eau. Les séquences SM avec Jamie Bell, je les trouve plutôt bien foutues, entre autres, ainsi que toute la partie d'extorsion qui est, en termes de mise en scène, très efficace. Alors certes, l'intrigue avance de manière totalement artificielle mais depuis ses débuts, le cinéma de LVT est niché dans ce terreau d'artificialité alors pourquoi pas. C'est invraisemblable, évidemment, mais après tout, si le cinéaste fait son taff correctement, je veux bien y croire à cette partie thriller. D'ailleurs, il y a plus de naturel dans cette seconde partie, LVT limite les effets de style et va même jusqu'à rendre sa protagoniste touchante, notamment dans sa relation avec P, qui donne lieu aux plus belles scènes de sexe du film.

Mais LVT, ce n'est pas ça qu'il affectionne. Ce qu'il aime, c'est détruire ses personnages après leur avoir fait croire à des échappatoires. Et ses réflexes cyniques dégoûtants reviennent dans un final gratuit, bête, et franchement dégueulasse qui remet en question tout ce que LVT était parvenu à toucher, ou plutôt à frôler, d'authentique dans sa seconde partie.
Nwazayte
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le 1 févr. 2014

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Nwazayte

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