En rédigeant une critique de Nymphomaniac vol.1, je me lance un véritable défi : difficile pour moi de déterminer mon avis sur un objet aussi intriguant. Mais tant pis, je me lance !
Si j’ai mis à l’ensemble un bon 7/10, j’aurais pu être plus sévère comme plus généreuse. En fait, pour être vraiment fidèle à mon avis, il aurait fallu que je note chaque chapitre ! Au troisième par exemple, Mrs H, j’aurai mis 9/10, quand j’aurai mis 3/10 au suivant, Délirium. Ce morcellement de mon avis explique mon indécision. Un autre facteur explicatif : j’ai l’impression que ce film peut être perçu de mille manières différentes, comme une folie, une provocation, une critique, un éloge … et offre tous les arguments et pour le blâmer, et pour l’adorer. Voilà mon état d’esprit, et pour moi qui ai habituellement un avis bien tranché, c’est assez déstabilisant.
Moments lumineux, géniaux : la scène d’ouverture, ce long noir, avant les gouttes d’eau qui glissent sur la poubelle et la découverte de la silhouette quasi-morte de Joe, accompagnée d’un morceau de Rammstein brute et irritant, parfait pour l’occasion ; le chapitre 3 évoqué précédemment, celui qui traite selon moi le sujet de la façon la plus intelligente ; et la dernière réplique qui laisse présager une longue descente en enfer, pour reprendre les références bibliques si chères au personnage (Mal et pêché en tête). Mais moments beaucoup plus agaçants aussi : un côté un peu branchouille dans certains plans, voix lancinante de C. Gainsbourg et paroles un peu creuses ; et cette fâcheuse et impardonnable manie du jeu des analogies. Chaque chapitre est en fait lancé par un élément de la vie de Seligman, ce qui à la longue est un peu énervant, quoique faisant sens. En effet, Joe associe les rapports humains à un immense puzzle, chaque pièce-personne étant reliée par son vécu aux autres. C’est une vision presque mathématique du monde qu’elle a, on la ressent grâce notamment à plusieurs schémas apparaissant sur l’image, certains d’entre eux m’ayant beaucoup fait rire (ex : le garage de la voiture, le tableau des scores pour le train), d’autres beaucoup moins (le 3+5, entre autres). Le propos fonctionne davantage par analogie que par approfondissement. Une métaphore = une facette de la nymphomanie, ce qui est dommage. Pour le reste, je préfère ne rien ajouter, j’ai ressenti beaucoup de choses très contradictoires durant tout le film et comme je l’ai vu il y a quelques jours, impossible de tout vous retranscrire. Ce que je peux vous dire en revanche sur mon ressenti, c’est que l’âge à lequel je l’ai vu n’est peut-être pas le plus approprié pour mettre le film à distance (je suis relativement très jeune). Je ne pense d’ailleurs pas aller voir le 2 avant un bon bon bout de temps, bien que 1 et 2 forment le film dans sa complétude, pour une raison très simple : un immense manque de courage de ma part. Vu les quelques images du 2 qui se retrouvent dans le générique du 1er, et vu comme on sent le dark arriver progressivement, je préfère attendre d’être psychologiquement mieux armée.
Une petite parenthèse enfin que je veux faire sur la censure : si quelqu’un pouvait m’expliquer comment cela a été effectué, je lui en serai très reconnaissante. En fait, je suis :
1) Désagréablement étonnée que le 1er soit interdit seulement aux moins de 12 ans (12 ans quoi !!!) : qui a pris cette décision complètement folle ?
2) Dubitative quant aux coupes effectuées. Certes elles ont été validées par Lars von Trier, mais je n’en vois en fait pas l’intérêt : si ça, c’est une version censurée, alors j’aimerai bien voir la version originale ! A quoi bon couper pour laisser des scènes aussi explicites ? Je pencherai plutôt pour le pari plus radical de soit tout supprimer (ce qui parait absurde pour un projet de la sorte), soit tout conserver mais durcir les préventions. Un film tailladé à la serpe, c’est parfois un peu désagréable ! Là encore, peut-être quelqu’un pourra-t-il m’éclairer. Merci par avance !