Nymphomaniac est pour moi un film d'autojustification. L'histoire de Joe raconte allégoriquement ce que ressent Von Trier constamment face à l'hypocrisie ambiante de notre société moderne (CF son expulsion ridicule au festival de cannes en 2011). Il est également autocritique de sa démarche et complètement lucide sur les positions volontairement dérangeantes (voir cyniques) qu'il se complait à prendre et\ou à tourner en dérision. Bref par un étonnant exercice de style, il décortique sa démarche non seulement formelle, mais aussi socio-anthropologique. La partie 1 est d'ailleurs pour moi,une comédie d'une ironie viscérale proche de celle de FESTEN de Vinterberg.
Mais il s'agit toujours du même combat : Une apologie de la lucidité, révéler l'humain au grand jour, élargir son esprit et le sortir de tout obscurantisme.
Je ne m'étendrais pas sur le sujet en lui même (maitrisé de bout en bout) , même si j'aimerais dire que pour faire son film, Von Trier adopte une forme extrêmement intéressante, encore plus pour un spectateur qui aurait vu The Five Obstructions avant. On est dans l'étude, la pédagogie frontale et l'expérimentation visuelle et structurelle.
J'ai tout de même eu deux problèmes :
1- Impossible de ressentir quoi que ce soit durant la partie 2 (Protection ? Non-empathie inconsciente due à mon éducation pseudo chrétienne ? Le film est il trop dans la démonstration voir la pédagogie qui nous absorbe dans une réflexion hors du film? La coupure en deux actes est elle vraiment un affront ? "Déformation professionnelle" face à ma fascination pour Trier ?
2- La fin me laisse perplexe : Provocation ultime ? Fausse fin mystico-satanique ? Les hommes sont tous des bites et les asexués n'existent pas? Trier en tant que cafard en puissance continue-t-il encore et toujours à prendre la défense du dit "déviant" et par cette brusque contradiction confirme-t-il encore ce qu'il a pu dire en interview, à savoir qu'il ne ferais jamais aucun happy end ?
En tout cas, un tour de force.