M von Trier, je ne vous aime pas. Je n'ai pas vu tous vos films, mais ceux qui me sont déjà tombés sous les yeux m'ont toujours laissé une impression désagréable de mégalomanie et d'élitisme. Comme si vous vous complaisiez à filmer n'importe quoi, n'importe comment, pour le plaisir de pouvoir ensuite dénigrer les béotiens qui n'auraient "pas compris" la grandeur et le génie.
Néanmoins, le Volume 1 m'avait presque fait changer d'avis. Hormis quelques brèves apparitions (quelqu'un peut m'expliquer la pertinence des trois premières minutes?), votre ego habituel laissait place à une histoire bien ficelée, à des personnages puissants et profonds, à une justesse de ton pour évoquer des sujets scabreux, sans jamais se laisser emporter dans la vulgarité gratuite.
Et puis il y a eu ce Volume 2. Et là j'ai retrouvé le Lars von Trier que je connaissais. Brouillon, fade, décousu, carrément vulgaire parfois, et surtout tellement insupportable de suffisance dans la réalisation comme dans le propos. Vous avez fait ce film pour qu'on en parle et qu'on parle de vous, et cette ambition transpire à chacune des 123 minutes de cet enchaînement farfelu de scènes gratuites et de situations sans intérêt, dénuées de toute force. Charlotte Gainsbourg n'apporte pas ce que Stacy Martin parvenait à insuffler au Volume 1, sans vraiment qu'on puisse dire si c'est son talent qui est en cause ou si c'est vous. A part les quelques scènes avec Jamie Bell, je n'avais rien trouvé de bien intéressant, et à trois minutes du générique de fin, je m'apprêtais à donner un petit 5 à cette conclusion décevante. Mon opinion sur votre cinéma s'en trouvait confortée, vous n'aviez pas gagné un fan, mais on allait en rester là et tout aurait été pour le mieux.
Et puis Seligman a rouvert cette porte. Et vous vous êtes livré à une des conclusions les plus minables, cabotines et pathétiques qu'il m'ait été donné de voir au cinéma. En 3 minutes, vous avez démontré toute votre incapacité à faire passer un véritable message dans une oeuvre cinématographique, sans le travestir ou le dévoyer pour le plaisir gratuit de choquer et de faire croire à l'existence de plusieurs niveaux de compréhension, au bénéfice des pseudos-intellectuels qui pourront se gargariser de les avoir saisis. C'est laid, stupide et consternant. Je ne vous aime toujours pas, mais après ces trois minutes, je vous méprise.