Le corps des femmes
O Corno est une histoire de femmes, comme le souligne le sous-titre du film de Jaione Camborda. D'une, en particulier, dans le contexte bien spécifique du franquisme et de son régime d'oppression,...
le 30 mars 2024
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Le film O corno, une histoire de femmes, s'ouvre sur une longue séquence, intense et inhabituelle, d' un accouchement.
On se trouve ainsi, d'emblée, en empathie avec cette femme qui grogne ,qui hurle parfois, qui sue beaucoup, et s'agenouille sur le carrelage de la cuisine en attendant la venue du bébé. La délivrance !
Et celle qui lui parle doucement à l'oreille, en galicien, lui éponge le front en lui donnant de l'eau, lui serre la main en l'accompagnant, comme dans un corps à corps charnel, solidaire, c'est Maria, l'héroïne de l'histoire. Quelques temps après, elle sera obligée de fuir vers le Portugal après un avortement tragique qui causera la mort d'une adolescente. Car dans cette Espagne toujours franquiste de 1970, on ne plaisante pas avec ces choses là. Il n'y a pas encore d'alternative médicale légale, et on se débrouille alors comme on peut.
Dès lors, nous la suivrons dans un périple long, éprouvant où elle ne pourra compter que sur des mains tendues de femmes rencontrées au hasard: la cousine d'une amie qui essaiera de la faire passer de nuit en barque au Portugal, une jeune adolescente sourde et muette, une prostituée d'origine angolaise, peut-être qui saura l'héberger en échange de la garde de son bébé....
On parle peu dans ce film, on n'y sourit pas beaucoup. La musique y est très discrète et la réalisatrice espagnole, Jaione Camborda, ne joue pas sur le pathos. Par contre, elle met en lumière une belle sororité. Pas celle qui exclut, voire condamne systématiquement les hommes jusqu'à la caricature mais celle qui rend un hommage vibrant à la solidarité entre femmes car elles sont sans doute celles qui se comprennent et agissent le mieux dans la difficulté.
Les hommes ne sont pas absents pour autant, mais discrets. Notamment, le magicien qui entraîne Maria dans les buissons, après avoir coupé une femme en deux, sur scène, à la fête du village! Elle s'en souviendra d'ailleurs dans le magistral dernier plan du film...
La vie est plus forte.
La danseuse Janet Novas incarne une Maria discrète, vibrante, puissante même si bien démunie, parfois.
Au final, un film original, âpre, fort, et un très beau portrait de femme discrète mais vibrante d'amour et d'humanité. Bouleversant!
Vive, décidément, le cinémâââ !👌
Créée
le 29 déc. 2024
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le 29 déc. 2024
Un joli film avec des actrices poignantes de vérités, les paysages de Galice et du Minho sont superbement tournés et le sujet reste bien d’actualité. Bravo👍
Par
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