Il était une fois... des fous
Qui pourrait croire qu'une rencontre entre un délinquant un peu simplet et une handicapée moteur et mentale puisse donner une merveilleuse histoire d'amour ? Ce pari de Lee Chang Dong, farfelu et risqué au possible, a abouti sur une oeuvre cinématographique complètement folle et enivrante, que seuls les coréens (et peut-être les japonais, de toute façon ils se ressemblent tous là-bas *humour raciste*) en ont le secret.
Le film possède son lot de scènes toutes aussi surréalistes les unes que les autres, Des séquences poétiques et intenses (la scène de la danse sur la route et avec les Indiens, la scène dans le lit) sont contrecarrées systématiquement par un dur retour à la réalité.
On sourit et l'on souffre en même temps devant l'imagination débordante de la fille handicapée, qui rêverait un jour d'être comme les gens normaux dans le métro, pouvoir taquiner son prince charmant et danser avec lui. Sans tomber dans le pathos, Lee Chang Dong parvient grâce à sa mise en scène et sa direction d'acteur à rendre deux monstres, deux cas sociaux terriblement touchants et remplis d'humanité et de sentiments.
La grande puissance de ce film réside également par l'interprétation de ses personnages. L'actrice qui joue l'handicapée est bluffante de réalisme, c'est incroyable...
Cette histoire d'amour impossible est très dure, peut-être même un peu trop, car le spectateur est pris en otage, Le réalisateur nous impose un point de vue peut-être trop unilatéral, celui du ressenti de l'injustice. Alors que, du point de vue des membres de la famille, leur réaction est tout à fait logique et compréhensible, mais on se surprend à les haïr (c'est en tous cas mon ressenti), à tort peut-être
Peut-être aurais-je espéré aussi une fin meilleure, encore plus déjantée. Voir le couple fuir le monde civilisé et partir très loin et vivre pleinement leur vie, dans leur propre monde.
Mais tout cela reste un détail et ne gâche en rien la magie et la puissance de cette romance, si particulière.