Il est grand temps de réhabiliter ce Twelve injustement décrié, de porter au pinacle des suites ce petit bonbon d'absurdité joyeuse et de canaillerie hollywoodienne. Car voilà ce qu'est ce film: un plaisir régressif, une autoparodie, un casting all stars au service d'un pseudo casse qui sent bon l'Italie et les années 2000.
De quoi parler, tant tout est foisonnant et déborde d'idées, bonnes comme mauvaises? ce démarrage tiré par les cheveux, ces plans caméra à l'épaule, ce grain de film, ces coupes improbables, ces acteurs de sitcom qui jouent les stars, ces stars qui jouent elles-mêmes? Cette séquence lunairissime de délicate absurdité en compagnie de Robbie Coltrane, Julia Roberts en Julia Roberts dans une douteuse mise en abyme vachequiriesque mais fabuleuse d'autodérision…
Alors évidemment c'est alambiqué, mal ficelé, télescopé, parfois laid. Les localisations s'enchainent comme dans un mauvais blockbuster, signe d'une action qui n'arrive pas à trouver d'ancrage et fait cache-misère dans son bougisme. Certains personnages de la bande sont tout bonnement oubliés, mis de côté. Et puis il y a Cassel. Voilà pour les défauts.
Il n'en reste pas moins des dialogues savoureux, regorgeant de non-dits et de complicité, il reste ce casting de rêve, il reste ce film qui ne se prend pas au sérieux.
Soderbergh s'encanaille, s'amuse, parodie son propre film. Il renverse la table, adresse un jubilatoire doigt d'honneur à son public en le prenant par surprise. A contre-courant des films surexplicatifs qui nous prennent pour des truffes, Ocean's Twelve ne s'encombre pas du spectateur, plonge à fond dans son délire, embarque seul dans son aventure, pas pressé de se retourner pour savoir si on suit.
Plaisir coupable, quand tu nous tiens...
A qui conseiller ce film: aux amoureux de Julia Roberts et de Catherine Zeta Jones, aux amoureuses de Pitt et Clooney (à tout le monde, quoi)
Si vous avez aimé, vous aimerez: Les maisons sur pilotis, les œufs d'autruche, Julia Roberts en Julia Roberts, Hagrid en featuring avec Jason Bourne