Seul et unique long-métrage écrit et réalisé par le duo Nathalie Sauvegrain / Philippe Appietto, Océane est une sorte de conte initiatique glam n' surf comme l'on en voit que très rarement. Étant moi-même native de la région où fut tourné le film (en l'occurrence la côte Atlantique où s'étendent ses sublimes plages de sable fin), il faut reconnaître que le duo de scénaristes-cinéastes a parfaitement assimilé l'esprit et l'atmosphère qui y règnent chaque été depuis bien avant ma naissance. Car avant d'être une œuvre qui raconte une histoire (en ce sens, le film n'est pas vraiment maîtrisé), elle reste un regard pertinent sur une philosophie estivale faite de surf, de musique, de fêtes et de rencontres.

Abandonnée par son petit-ami sur une aire d'autoroute suite à une dispute, la jeune Océane se voit prise sous l'aile d'un musicien quadragénaire (aussi bienveillant qu'immature) qui fait la tournée des plages du Sud Ouest de la France sous le pseudonyme d'Oliboy. Amusée par cet étrange personnage haut en couleur, Océane va être irrémédiablement happée dans un univers festif peuplé de surfers et d'autochtones dont certains, bien évidemment, s'avèrent être peu recommandables...

Océane, titre à double sens, présente ainsi sa jeune héroïne, parfait symbole de la jeunesse actuelle, volontaire mais paumée, au sein d'un univers aussi particulier qu'alternatif qui sévit tout au long des grèves océaniques de l'Atlantique. De la plage du Pin Sec située à quelques kilomètres de Naujac-sur-Mer (où fut essentiellement tourné le métrage) à celle de la Jenny à Vendays-Montalivet, en passant par celle du Gressier, véritable paradis sur terre qu'est Le Porge-Océan, Nathalie Sauvegrain et Philippe Appietto saisissent remarquablement la magie des lieux, mais également sa vibe unique où les festivités s'étendent jusqu'au bout de la nuit avec ses concerts punk-rock-glam et ses teufs electro. Ici, Olivier Clastre incarne l'artiste-musicien qu'il est dans la vie avec son projet Oliboy Skyboy, mixant sonorités électroniques et glam-rock avec ses titres puérilement provocateurs que sont 'Je t'aime, salope" ou encore "Je vous encule". Tout un art.

Quant à Lou Lesage qui incarne la fameuse Océane, fille de la célèbre photographe Gil Lesage qui apparaît également dans le film, elle est tout simplement parfaite en jeune fille à l'âge indéterminé (on apprend néanmoins qu'elle est mineure lorsque des gendarmes l'interpellent) et en phase de construction. Comédienne et chanteuse (elle a édité un excellent album solo, Under My Bed, paru chez Barclay avant de créer le duo alternatif Soleil Bleu avec son chéri Arthur Jacquin), elle est adorablement solaire et incarne à merveille cette fugueuse en quête de liberté et d'identité. Et quand elle interprète à son tour l'une des chansons immatures d'Oliboy, la bien-nommée "Connard de merde", c'est toute sa rage adolescente liée à sa candeur qui s'exprime dans une intensité extrêmement rare au cinéma.

Océane reste malgré tout un premier long-métrage avec toutes les maladresses que cela caractérise. Mais la sincérité crève néanmoins l'écran et on ne peut qu'applaudir le duo de réalisateurs à avoir parfaitement su transposer l'esprit singulier, alternatif et propre aux côtes Atlantique lors des périodes estivales. Avec toute l'immaturité qui va avec, bien sûr.

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le 18 sept. 2024

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