Personnellement, je n'aime pas l'eau. Disons les grandes étendues. J'ai mes raisons, la principale étant cette saloperie d'imagination qui me fait croire à tout plein de saloperies vivant sous mes petits petons. Mon pire cauchemar ? Me retrouver paumé en plein milieu de l'océan. La nuit. Tout seul et avec des trucs bizarres qui gigotent sous mes pieds. Comme tout ce qui fait peur, l'océan et sa faune me fascinent. D'où mon intérêt pour les documentaires animaliers, marins ou mettant en évidence la puissance de notre belle nature.
Imaginé par Jacques Perrin et tourné sur plus de quatre ans tout autour du monde, "Océans" fonctionne sur un principe très simple. Pas question ici de vous faire croire qu'il arrive des choses extraordinaires à un mignon petit animal prénommé Kara que l'on aurait suivit pendant des années et dont les actions n'auraient absolument pas été influencées par notre présence. Non, "Océans" se base sur une quasi absence de narration, les séquences étant uniquement reliées entre elles par son simple thème: la faune aquatique et sa fin présumée.
Sans trop tomber dans un discours plombant et donneur de leçon comme c'est souvent le cas, et n'ayant que très rarement recours à la voix-off, "Océans" préfère les images aux mots, illustre son point de vue par la puissance évocatrice de ses magnifiques séquences plutôt que par de grandes phrases toute faites. Grâce au talent des équipes réunies, le film supervisé par Perrin et par Jacques Cluzaud en met plein la vue, vous laisse pantois du début à la fin.
Montrant la beauté de notre monde comme sa triste cruauté (les scènes de massacres sont reconstituées avec des animatroniques bluffantes), "Océans" offre de superbes images vues pratiquement nulle part, nous entraîne dans cet univers avec un sens de l'immersion inédit et d'une efficacité redoutable.
Même s'il ne révolutionne rien et ne nous apprend finalement pas grand chose, "Océans" est un constat à la fois amer, lucide et plein d'espoir sur notre monde, sur notre rapport à l'animal, nous encourageant, par la grâce de ses images aussi poétiques que surréalismes, à cesser d'être les complices involontaires de tels atrocités.