Le choix des trois époques (temps présent, enfance, et univers psychique figuré dans l'antiquité), participe à cette réappropriation du mythe par l'individu ordinaire, l'homme du sous-prolétariat fatalement déterminé. A l'universalité du texte de Sophocle, Pasolini offre une lecture triviale, autrement temporelle.

Le préambule dans les années 20 est impressionnant ! Montage sec, solennel, magistralement elliptique, valeur des plans précise et passionnante. Silvana Mangano est sublime (ce plan digne d'une icône, après l'allaitement du bébé, où son visage s'assombrit après l'allégresse d'un sourire !). Le regard impitoyable du père sur l'enfant un peu plus agé. La scène du balcon où ce dernier ressent l'abandon, tandis qu'il les observe s'embrasser au loin en ombres, derrière le rideau d'une grande soirée dansante ! Joie parentale qui s'illustre par des feux d'artifices resplendissants, répondant aux fleurs colorées entourant l'enfant derrière les barreaux !

La période antique m'a beaucoup moins captivé, peut-être un peu grotesque pour les scènes d'action. Pourtant les décors, tant intérieurs qu'extérieurs, épurés pour ces derniers, sont magnifiques. Scènes de clairs-obscures accueillants l'inquiétant couple incestueux assez sidérants.

Le film restitue la figure du cercle, inexorablement lié à la terre, figure du paradis perdu, celui de la mère idéalisée.

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le 13 oct. 2023

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