Un village paisible et isolé du Morvan. Des paysages ensoleillés d'une campagne à l'apparence tranquille. C'est ici qu'arrivent une mère et son fils handicapé par une surdité qui alimente les quolibets des aînés de sa nouvelle classe d'école. La mère, nouvelle institutrice sous les traits de la ravissante Ana Girardot, bien accueillie par les villageois ravis de sa venue, a fui un mari violent. Son fils assez réservé, Jules, a du mal à se faire des nouveaux amis sauf peu à peu avec une écolière qui lui est au début hostile et quelques oiseaux qu'il attire étrangement comme un rite avec des graines dans les mains, donnant quelques images poétiques. Et puis il y a le médecin du village, dont la caméra le cadre de dos, observant les nouveaux arrivants de sa fenêtre après qu'il les a consultés ; on sent déjà que quelque chose pourrait clocher avec ce dernier personnage ambigu joué par un troublant Samuel Jouy.
Le film alterne entre les jours ensoleillés éclairant des paysages bucoliques et les nuits aux ambiances glacées, comme hivernales et rudes où des bruits étranges émanent d'une nature endormie dans les ténèbres et font peur, inquiètent. Quelque chose rode non loin de la maison de l'institutrice et de son fils récemment emménagés pour une nouvelle vie, mais quoi ? Et qu'est-ce qui tue et dévore les veaux en série qui met à bout les nerfs des éleveurs locaux ? Est-ce un animal sauvage ou bien une abomination surnaturelle, soit réelle, soit travaillée par l'imagination de Jules resté traumatisé par un ex-père mauvais défini tel un monstre du passé récent ?
L'ambiance nocturne sait créer une angoisse dans les jeux d'ombres et de ce qui pourrait surgir de derrière la fenêtre de la chambre de l'enfant qui tente avec peine à convaincre sa mère d'un danger imminent.
De plus, un lourd secret pèse sur le village obligeant les habitants, bien que sympathiques, à se taire.
Ogre joue sur du fantastique angoissant sur fond de drame social, voire familial. Il y a quelque chose de Stephen King qui est évident dans des atmosphères et dans quelques scènes visuellement (en pensant aussi à des adaptations cinématographiques des œuvres de l'écrivain américain), notamment pour l'un de ses romans sur la fin.