Après "Jusqu'à la garde", c'est le second film que je vois ce mois-ci inspiré préliminairement d'un court-métrage. Si le film de Legrand réussit à transformer totalement l'essai (portant l'épure à la version finale/suite au seuil du chef d'oeuvre), celui d'Atsuko Hirayanagi donne plus l'impression d'un rafistolage dans le genre patchwork émotionnel plat qui, in fine, provoque le désintérêt.
Même si l'on s'amuse face à cette critique du mode de vie au Japon, du choc des cultures que provoque l'arrivée de John (en saluant par l'occasion le retour d'un Josh Harnett à qui la maturité sied bien) et de l'incroyable personnalité de Setsuko, cela ne va jamais bien loin. Chaque scène étant plus abordée que réellement fouillée et travaillée. Et il en est de même sur la seconde partie, bien moins bonne encore, où le pathos plâne sans jamais se déclarer franchement, et où certaines incongruités pèsent. Si l'on ajoute à cela un bon nombre de clichés on se dit que le film est difficile à sauver.
Ni comédie sucrée-salée, ni drame poivré, "Oh Lucy" est un film sans éclat, superficiel. Plutôt que de s'attacher à la vraie personnalité de Setsuko et sa "crise" de la cinquantaine, qui est le vrai sujet, la réalisatrice nous donne des pistes (accumulation compulsive, schizophrénie latente qui émerge avec la double identité...) et finit par s'embrouiller elle-même. Cette même superficialité se joue sur les lieux (on y est sans y être avec une caméra trop accrochée aux personnages), ou sur l'intention. Setsuko n'est plus à même d'évaluer ce qui pourrait la sauver. Elle se trouve sur un entre deux, à l'image du film et de cet avis que je rédige avec beaucoup de mal.
Je ne pense pas être passé à côté du film, mais le fait d'être constamment mis à contribution pour tenter de l'apprécier finit par être agaçant et agacé je le suis car j'en attendais tellement plus ! Pour autant, je ne manquerai pas de voir el second film d'Atsuko Hirayanagi car on sent chez elle un vrai potentiel.
A noter, l'excellente partition d'Erik Friedlander qui avec ses accents mélancoliques, ses redondances harmonieuses, ses phrases musicales sensuelles et parfois ses stridences, s'inscrit parfaitement dans l'univers du film !