Ces derniers temps, j’ai l’impression que ce que les distributeurs nous ramènent du Japon c’est tout le temps la même chose : ces drames à la Kiochi Kurosawa dont moi je commence à en avoir ras les bonbons.
Du coup, quand j’ai vu l’affiche et le pitch de cet « Oh Lucy ! », j’avoue que ça a tout de suite éveillé en moi une curiosité.
Voir ce personnage principal un brin désaxé, ainsi que la promesse d’un road trip aux Etats-Unis qui semblait être un chouilla iconoclaste par rapport aux dernières productions nippones, moi ça m’intriguait.
Alors du coup, je suis allé le voir ce « O Lucy ! » et le bilan que j’en tire c’est que – bon – l’un dans l’autre ça reste sympa mais ce n’est pas si sensationnel que cela.
Bah oui, pas très sensationnel tout d’abord parce que formellement il n’y a vraiment pas de quoi se toucher.
La réalisation est très plate, sans véritable idée, quant à l’écriture elle se contente de dérouler sans grande pêche.
Du coup, au début – je ne vous le cache pas – il fut pour moi assez difficile de voir quoi que ce soit de séduisant dans les personnages et intrigues proposés.
Au fond, il n’y avait là rien de bien folichon.
Au-delà de ce moment où Satsuko va assister à son cours d’Anglais, je ne ressentais aucun décalage se produire.
Je voyais juste de la mélancolie et de l’aigreur.
Mais bon, d’un autre côté, même si cette amorce ne démontrait rien de vraiment fougueux, je dois bien reconnaitre à Atsuko Hirayanagi qu’elle ne commet pas non de vraies fautes de goût ou de rythme.
On ne s’apitoie pas trop. On s’efforce d’avancer les éléments d’intrigue – certes les uns après les autres – mais sans trop perdre de temps non plus.
Disons qu’il y a une au moins une certaine efficacité à défaut d’avoir une réelle inventivité.
Le film donne l’impression de vouloir s’effacer au profit de l’évolution de ses personnages et des péripéties que ceux-ci vont connaître ; comme si cela allait pouvoir suffire pour captiver les spectateurs.
Voilà une démarche assez modeste je trouve, même si au regard de tout le métrage, elle trouve une certaine forme de pertinence.
Parce que oui, en fin de compte, c’est vrai que l’évolution des personnages et les péripéties qu’ils « subissent » suffisent souvent à faire le boulot.
Il y a dans l’écriture de Hirayanagi un mélange assez charmant de rancœur, d’innocence, de lubricité et de compassion qui a quelque-chose de touchant.
Et à dire vrai, c’est dans ce que produit cet étrange dosage à l’écran que le choix opéré de la sobriété peut prendre du sens.
Au fond, cette réalisation très neutre opère un lissage des contrastes forts auxquels se risque l’histoire, et c’est de cette atténuation que découle cette saveur douce-amère pas si désagréable que ça.
Certes, cela aurait pu être plus signifiant par une forme plus travaillée.
Certes, cela aurait pu être plus fort avec une intrigue qui ose aller plus loin.
Mais en fin de compte, le résultat définitif n’est pas si mal que ça. Alors après tout, pourquoi pas ?