La belle et les bêtes
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Comme nous l’apprend si bien Confucius, « quiconque a entendu les cris d’un animal qu’on tue ne peut plus jamais manger de sa chair ». Les vertus de ce film sont vraiment osées. Et au-delà du degré d’agression morale, Netflix et Joon-Ho Bong nous propose du bon cinéma. On pourrait s’inquiéter de confronter à un ton documentaire, mais il n’en est rien. Après avoir renversé le genre du thriller avec « Memories of Murder », et suite au bouleversement de notre société de consommation en plein dans le déclin avec son « Snowpiercer, Le Transperceneige », il réunit ses meilleurs codes pour s’attaquer aux saveurs l’Homme.
La gourmandise est un péché qui pousse l’être humain à consommer davantage de viande que de légume. Le carnivore prédomine ainsi chez l’individu, inconsciemment nourrit dans l’excès. Notre société mondialise et industrialise tout à l’heure actuelle. Pour répondre à la famine, la surpopulation et aux solutions écologiques, la biochimie intervient de nouveau dans l’agroalimentaire. Les tendances OGM et malbouffe font débat au cœur d’une société qui se divise peu à peu sur le plan alimentaire. Alors que les ressources naturelles manquent en abondance, la multinationale et entreprise familiale Mirando tourne ses valeurs vers l’avenir.
Bien que le récit voie la sensibilité augmenter au fur et à mesure que l’on avance, les propos mis en avant sur la complicité éleveur-animal reste burlesque. Sans forcément sombrer dans l’excès de mise en scène, le réalisateur adopte un ton orienté « humoristique » afin de poser son contexte. Puis, vient une saveur narrative qui prend rapidement le goût amer de la viande commerciale. Le géant Américain est donc le grand méchant de l’intrigue, composé de son PDG malfaisant, ainsi que son zoologiste star Dr. Johnny Wilcox. Ensemble, ils s’affirment dans la médiatisation de la nouvelle ressource à l’étude, portée à la controverse. Ils subissent ainsi beaucoup d’assauts moraux, où la maltraitance des animaux entre en jeu.
Cependant, le réalisateur ne se contente pas de se moquer du camp exploitant. Les militants veillant à changer la donne sont également sous les feux des projecteurs. A travers le leader du soutien animal, on ressent une once d’absurdité. La conviction et le devoir s’entrechoquent violemment et on ne sait plus où donner de la tête. Le système bloque pour chacun et on laisse place aux images choquantes, qui parle au nom du message marketing.
Au final, « Okja » séduit par son discours écologique. Le second plan qui illustre l’amitié certain de Mija et d’Okja est parfois délaissé au profit de la satire capitaliste. Bien que ce soit touchant, on frôle énormément le ridicule qui adoucie les émotions le moment venu. Alors que le dénouement bâcle un peu le travail d’anticipation, le récit bute sur sa nature propre qu’est la sensibilisation. Ce film présente tout de même une audace rare, basée sur l’autodérision. Il est donc intéressant de réserver un regard objectif sur la situation, vu par Hollywood et le continent asiatique, le symbole rural par excellence.
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le 30 juin 2017
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