La belle et les bêtes
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Okja est ni un film vegan-friendly ni un film antispéciste. On a plutôt affaire à une critique de l'industrie de l'élevage aux Etats-Unis et par là même du productivisme. Les militants d'ALF ont les traits tout aussi forcés que les représentants des productions animales. Ils incarnent les extrêmes à ne pas suivre. Seuls Mija et Okja apparaissent plus simplement et sincèrement à travers leur relation d'amitié. Le message n'est pas pro-végane ou vegan-friendly comme je peux le lire dans beaucoup de critiques qui ne font d'ailleurs pas non plus la différence entre le véganisme, l'antispécisme et le welfarisme. Au mieux, la critique sous-jacente est écologiste (cf. un autre film du réalisateur : The Host), affectiviste et welfariste. "Continuons à manger les animaux tant que notre consommation est raisonnée et raisonnable", à savoir tant qu'elle s'inscrit dans le respect des liens qui nous rattachent à la matérialité de la nature. Mija ne pêche que ce dont elle et son grand-père ont besoin, ils élèvent leurs poulets, ils vivent en pleine montagne, etc. Je dirais donc qu'on est plutôt ici dans le sillage philosophique de Jocelyne Porcher ou Catherine Larrère qui s'efforcent de repenser le lien entre l'Homme et l'Animal et critiquent la dépossession agro-industrielle du travail de l'éleveur, sans remettre en cause le fait de tuer les animaux pour s'en nourrir. Les propos du réalisateur confirment cette idée à mon sens. Quoi qu'il en soit, j'ai aimé le film, d'abord parce que j'aime beaucoup le travail de Bong Joon-Ho (sa critique sociale et son esthétique baroque), ensuite parce qu'il a au moins le mérite de médiatiser la cause animale, enfin parce qu'il donne à voir la sentience des animaux d'élevage dits "supérieurs". En somme, les mammifères. On peut se lier d'amitié avec un cochon autant qu'avec un chien et le cochon tout autant que le chien est capable de ressentir la joie et la peine. Mais cette qualité est en même temps une limite car elle pousse à continuer à manger les poulets et d'autant plus les poissons. En cela, "Okja" est un film spéciste qui au mieux invitera les abonné-e-s Netflix à consommer "mieux" et moins de produits animaux, comme aiment à le dire les pouvoirs publics et certains professionnels de l'élevage.
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Créée
le 5 juil. 2017
Critique lue 1.4K fois
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