Film esthétisant, composé d'un cortège de scènes singulières et soignées, Old Boy aura du mal à accéder, pour certains, au rang d’œuvre cohérente. Personnellement, j'ai été happée dans son univers dés la première scène marquée par la performance de Choi Min-Sik, qui m'a rendu instantanément sympathique ce coréen médiocre et pathétique que j'allais suivre, non sans une certaine jubilation, durant 2h10. On retrouve dans ce deuxième volet du triptyque sur la vengeance de Park Chan-Wook, l'univers violent et onirique des créations asiatiques dont je raffole, mais qui peut s'avérer difficile d’accès pour un spectateur pointilleux sur la cohérence et la pertinence des scènes. Pour ma part, une fourmis qui prend le métro ne me parait pas plus farfelue que les courtes rêveries que je m'octroie, encore empreinte d'un sommeil précocement interrompu, sur le trajet du travail. De plus, la musique qui enveloppe certaines de ces scènes vient, comme un filtre, mettre en exergue ce qu'a de beau, de triste, de vrai, l'instant. Old Boy tient donc plus du conte, de la tragédie grecque, que du film d'action, et charrie ainsi son lot de drames et de dilemmes, que le personnage principal subira dans la plus vive affliction. Il y a également quelque chose du grand roman français dans cette œuvre (Monte-Cristo y est d'ailleurs cité), ce qui n'étonne pas lorsqu'on connait le penchant déjà avoué de Park Chan-Wook pour Zola (Thrist). Ainsi le passé vient, comme un spectre, hanter le présent et mettre une sombre hypothèque sur l'avenir qui, comme l'a écrit Proust, n'est que " l'ombre de nous même que notre passé projette devant nous."