D'un coté nous avons un film puissant, fort, qui remue les tripes et fait sur le spectateur l'effet d'un bulldozer. En aucun cas on ne pourra comme à Sympathy for Mr Vengeance lui reprocher son manque de souffle. Techniquement et sur le plan de la mise en scène (une fois occultés nombre d'effets foireux) Oldboy est souvent enthousiasmant : stylisé, classe et sans complexes. Avec quelques scènes de génie comme cette brutale dégustation de poulpe vivant ou ce magistral travelling dans le couloir.
Mais tout ça pour quoi ? Comme s'il ne faisait pas confiance à sa faculté de captiver le spectateur par la seule force des images, Park met en place un scénario abracadabrantesque avec l'inévitable "méchant" omniscient et sur-puissant, du genre qui prévoit sur 15 ans les moindres réactions de sa victime pour lui tendre un piège absurde. Absurde, oui, Oldboy est absurde, artificiel, bancal et complètement à coté de la plaque. Il accumule les retournements de situation et les révélations que ne renierait pas Dark Vador (un petit "Oh Dae-Su, je suis ton père !" ne ferait même pas tache dans ce foutoir). Et du coup, la fulgurance que j'évoquais plus haut ne devient que gadget inutile, quand ce n'est pas simplement moche comme ce calendrier pivotant tout droit sorti d'un film de mariage monté avec Adobe Premiere. La puissance et la force – bien présentes – qui auraient pu soutenir son film ne sont finalement que prétention et esbroufe facile au service d'un film creux mais artificiellement gonflé.