Que Park Chan-wook soit un ma-nipulateur, c'est évident. C'est même un esbroufeur de première, un mec qui a lu tous les livres, surtout des mangas, mais pas seulement , qui a vu tous les films. Son héros, Oh Dae-soo, est enlevé un soir de 1988. Il est relâché quinze ans plus tard, bien décidé, tel un Monte-Cristo musculairement dopé, à retrouver son ravisseur. Il remonte en partie la piste grâce à l'ordinateur d'une serveuse de bar, rencontrée par hasard (vraiment ?). Park Chan-wook s'en donne à coeur joie. Intrigue à tiroirs, flash-back multiples, combats irréalistes, violence incessante. Le romantisme est aussi exacerbé que la violence, d'ailleurs. Comprenons-nous bien : on peut, à juste titre, détester le côté factice de Park Chan-wook. Lui reprocher son simplisme psychologique, son esthétisme « pub ». Pire encore : son moralisme crétinisant (la faute, le péché), curieusement lié à une totale absence de morale mais ce n'est pas toujours contradictoire. Grossièrement résumé, Park Chan-wook est l'héritier speedé de Quentin Tarantino. Vous imaginez ce que ça peut donner, un héritier speedé de Tarantino ? Vous êtes en deçà de vos pires cauchemars ! Chef d'oeuvre jouant sur tous les discours, de la poésie sombre et tragique à l'humour absurde, en passant par des "scènes d'action" dont la violence n'a d'égal que l'habileté de leur mise en scène, tout en suggestion malsaine.