Comment peut-on être letton dans l'Europe d'aujourd'hui ? Autant dire personne ou presque, boucher anonyme dans une usine belge, comme Oleg dans le deuxième long-métrage éponyme de Juris Kursietis. Le migrant dont parle le cinéaste letton ne vient pas d'un autre continent mais bien de l'autre bout de l'Europe et sa situation n'en est pas moins précaire et ses capacités d'évolution proches de zéro pour peu qu'il tombe dans certains pièges. Oleg pourrait être un film des frères Dardenne, dans la forme, réalisme et caméra à l'épaule, et dans le fond. Kursietis semble pourtant hésiter entre plusieurs registres : psychologique, avec la quête identitaire de son personnage principal ; nerveuse, en adoptant certains codes du film noir mais n'en épousant pas vraiment le rythme. Un peu assis entre deux chaises, doté pourtant d'une écriture sèche et efficace, Oleg s'en remet un peu trop facilement à un symbolisme libérateur qui s'exprime notamment par une voix off, heureusement assez peu présente, et des images aquatiques bien convenues. Voici un film intéressant et éclairant par ce qu'il montre mais au cheminement narratif finalement sage et attendu.