Emouvante adaptation du grand classique de Dickens
Roman Polanski a réalisé ce film après avoir tourné son admirable Pianiste. Dans une interview, il dit qu’il voulait réaliser un film « plus léger », destiné à ses enfants. Ce film est loin d'être léger : nous ne nierons pas qu'il est salutaire de le montrer à des enfants de notre époque pour bien leur faire comprendre ce qu'est, par rapport à une société d'abondance, une société telle que celle de l'époque victorienne. Il faut cependant y mettre les formes car certaines scènes peuvent être traumatisantes, non seulement pour des enfants, mais aussi pour des adultes. Certes, à côté des scènes terribles que vit le jeune Oliver, il y a aussi beaucoup de beaux moments, et le livre, comme le film, se terminent en « happy end » puisque Oliver finit par être adopté par une famille aimante. On ne peut cependant pas ne pas imaginer ce que fut le sort de ces milliers d'enfants sacrifiés pour augmenter la richesse d'une société aussi inhumaine que la société victorienne de l'époque. Mais, au-delà de l'époque victorienne, le film peut aussi nous amener à réfléchir sur le sort des enfants du tiers Monde qui vivent, au XXIe siècle, ce que vécurent ceux de la Grande Bretagne du XIXème siècle, certains même dans des conditions encore pires que celles du jeune Oliver. Rappelons aussi que, pas plus que la société victorienne, nous ne pouvons ignorer que leurs conditions misérables sont une des conséquences de la mondialisation dont nous, occidentaux, profitons.
Il n'en reste pas moins vrai que ce film est, sinon plus léger, du moins moins dur que Le pianiste, tourné en 2002. Oliver Twist est une réussite et il démontre la maîtrise du metteur en scène dont nous avons aussi beaucoup aimé The ghost writer.
Parmi les acteurs, saluons particulièrement la prestation du jeune Barney Clark qui joue le rôle d’Oliver, dans lequel il est extrêmement juste et émouvant. Nous souhaitons qu'il puisse avoir une carrière digne de son talent.