S’attaquer en 2005 à une énième adaptation d’Oliver Twist relevait presque d’une hérésie. D’abord parce qu’il est quasi impossible de transcrire en image la flamboyance des mots de Dickens. Ensuite parce que passer derrière la version de Lean (1947), la meilleurs jusque-là, allait entraîner les comparaisons. Mais Polanski, en plus d’être un éminent cinéaste est également un admirateur de l’œuvre. Deux atouts qui font de son film une réussite. Celle que l’on n’osait attendre. Il contourne la difficulté de l’adaptation fidèle à la virgule en extirpant l’essence du roman qu’il sublime avec sa propre interprétation des faits et son vécu. Il ne cherche aucun artifice d’une adaptation moderne, qui ferait d’Oliver un « pti gars des banlieues ». Au contraire Roman Polanski se veut très respectueux de l’histoire en l’illustrant au mieux. Pour cela il s’est entouré d’une équipe de techniciens admirables, et s’est doté d’un casting brillant à commencer par les gamins. Quant à Ben Kingsley, il est de loin le meilleur Fagin qu’il nous ait été donné de voir. Il pousse son personnage vers la caricature : monstrueux, repoussant, tendre, cupide. Tel, que notre imaginaire d’enfant l’avait créé il y a quelques années en le lisant.