Incroyable film que cet Olivia de Jacqueline Audry, qui aborde le lesbianisme comme aucun autre ne l'a fait sur grand écran en ce début des années cinquante. Cette frontalité sidérante encore aujourd'hui du sujet traité, fièrement outrée, ne doit cependant pas oblitérer le talent réel de la mise en scène d'Audry, son sens de l'espace, de la caractérisation (les pensionnaires ont des physiques disparates, pas la mignonnerie d'ingénues canoniques). Porté par un casting intégralement féminin absolument prodigieux, l'œuvre rappelle la capacité du cinéma français de l'âge d'or à dessiner des personnages à la très nette amplitude romanesque, tout en proposant des expérimentations techniques qui la rapprochent davantage de l'avant-gardisme d'un Orson Welles que de l'académisme d'un René Clair. Un classique oublié à découvrir d'urgence.