Le film est intéressant à plus d’un titre. D’abord parce que, en 1951, une femme réalisatrice de longs métrages c’est plus que rare et il me semble que Jacqueline Audry est la seule ! C’est même, je crois aussi, la première française à avoir réalisé des longs- métrages de fiction après avoir été l’assistante de très grands réalisateurs comme Pabst, Delannoy et Ophüls. Ensuite parce que le film aborde de manière frontale, et surtout sans porter de jugement moral, le thème de l’homosexualité féminine dans un pensionnat très chic de jeunes filles vers la fin du XIXème siècle. Il y a donc toutes les raisons d’aimer et de défendre ce film mais, malheureusement, il souffre d’un désaccord entre son fond sulfureux et sa forme qui est d’un académisme consternant : décors surchargés, dialogues et diction des actrices beaucoup trop théâtraux, souvent à la limite du ridicule, le pire étant le jeu de Simone Simon que l’on a connue plus inspirée, dans La Féline de Tourneur notamment. Enfin on se demande ce qui a pu justifier le choix de l’actrice suisse Marie-Claire Olivia pour interpréter le rôle d’Olivia (!) : elle est vraiment très mauvaise et il parait que, pendant le tournage, du fait de son regard bovin, on la surnommait « Olida » ! Bref, une grosse déception !