Regard sombre et perdu qui brûle pourtant du feu d'une détermination inébranlable laquelle va se renforcer au fil du temps : faire reconnaître son innocence, recouvrer la dignité et l'honneur dont on l'a privé, lui, Omar Raddad qui était jardinier.
Je suis encore sous le choc de cette deuxième réalisation de Roschdy Zem, un homme qui contient à grand peine sa colère devant les dysfonctionnements criants de notre justice, une justice qui n'a pas craint de bâcler l'affaire, de négliger des pistes déterminantes pour disculper celui qui avait le tort d'être Marocain, pauvre et illettré.
Un film qui s'inspirant du livre de Jean-Marie Rouart : Omar, construction d'un coupable, reprend point par point la genèse de l'histoire, le réalisateur nous faisant partager son indignation grâce aux personnages clés de l'affaire, admirablement incarnés par Denis Podalydès l'écrivain académicien ou Maurice Bénichou l'avocat de la défense Maître Vergès.
Quant à Sami Bouajila il est saisissant de vérité, de sobriété et de justesse et nous livre sans doute l'une des plus belles prestations de sa carrière, s'affirmant, après Indigènes, comme un immense comédien : il est époustouflant.
Un film nécessaire et engagé voire militant, pour soutenir le combat désespéré d'un homme désormais libre mais toujours coupable aux yeux de la loi malgré de nouveaux éléments susceptibles de prouver une fois pour toutes son innocence : j'ai beaucoup aimé.